Quand un homme naît ici-bas, je vois ses parents ivres de joie se congratuler et annoncer à grands cris l'événement. Quand un homme meurt à la vie d'ici-bas, je vois les parents consternés porter sur leurs visages et leurs vêtements les signes d'une désolation épouvantée. Le meilleur enseignement concernant l'inconséquence humaine est ainsi donné a ceux qui ont un esprit pour réfléchir. Notre race humaine désire la vie et fuit la mort. Or, qu'est-ce que naître ? C'est entrer dans le champ d'où l'on ne peut sortir que par le chemin de la mort, unique issue, commune aux justes et aux injustes, aux croyant et aux incrédules. Qu'est-ce que mourir ? C'est renaître à la Vie Eternelle. L'homme qui meurt retourne à l'éternelle source de l'existence permanente C'est alors que nous devrions nous réjouir...
LÉGENDE BOUDDHIQUETierno Bokar-Maître spirituel Africain – Cité par Amadou Hampaté Bâ dans "Vie et Enseignement de Tierno Bokar"LÉGENDE BOUDDHIQUE LE MAITRE D'ESCRIME POURQUOI AVOIR PEUR DE LA MORT LA MERDE ET LA ROSESOUVENIR INCONSEQUENCE
On raconte qu’à l’époque du Bouddha, une femme portant dans ses bras le corps de son fils unique qui venait de mourir vint implorer le Grand Médecin de ramener la vie son enfant chéri.
– « Je ne puis, lui dit leTathâgata,
ressusciter ton enfant que si tu m’apporte un verre d’eau provenant d’une
maison dans laquelle on n’a jamais eu à déplorer le décès
d’un être cher ».
La femme parcourut tout le village, frappant à toutes les portes
et partout on lui parla de la mort, plus ou moins récente, d’un
fils, d’une fille, d’une mère, d’un époux...
Nulle part elle ne trouva une maison où on n’avait jamais eu
à pleurer la mort d’un être cher. Alors la femme comprit la
leçon du Bouddha et accepta la mort de son enfant comme l’effet
naturel de l’impermanence.
Il se rend chez un Maître en renom pour le prier de l'accepter comme disciple.
Après l'avoir examiné pendant un certain temps, le Maître lui dit :
– « C'est étrange, j'ai l'impression que vous êtes déjà un Maître »
– Je n'ai pourtant reçu l'enseignement d'aucun Maître,
répond l'aspirant. Puis, après avoir réfléchi
quelques instants, il déclare : « Pendant de nombreuses années,
j'ai été obsédé par la peur de la mort, puis
un jour, mon angoisse s'est évanouie. Savoir qu'à un moment
ou un autre je disparaîtrai m'était devenu tout à fait
égal.
– Je le sentais bien, vous êtes un Maître et je n'ai rien
à vous enseigner répondit le Maître d'escrime
Celui qui craint la mort, craint de n'avoir plus aucun sentiment, ou d'éprouver d'autres sentiments. Mais s'il n'y a plus de sentiment, tu ne sentiras aucun mal. Et si tu acquiers d'autres sentiments tu sera un être différent, et tu n'auras pas cessé de vivre.
Ou bien on croit à un au-delà ou bien on n'y croit pas :Marc Aurèle – Pensées pour moi-même ( Livre VIII-58 )
– On n'y croit pas : dans cette hypothèse, c'est la même chose que le sommeil profond, un anéantissement total. Ceux qui ont la chance de ne pas souffrir d'insomnie en font l'expérience toutes les nuits et ils ne s'en plaignent pas. Dans ce cas ce qu'il y aurait "de l'autre côté" ce serait le néant , le “rien”. Donc si on a peur on a peur “de rien”. Comment avoir peur si “on n'a peur de rien” ?
– Ou alors on croit à un “au-delà”. Si on n'a pas été
trop salaud dans cette vie, ça ne devrait pas être plus moche
que de ce coté-ci.
Si l'on croit à un Paradis dans lequel on chantera des cantiques
à la droite du Seigneur, il y a intérêt à prendre
dès maintenant des cours de chant par compassion pour les autres
Élus. Ça ne serait pas gentil de leur imposer pendant toute
l'Eternité “cette belle voix fausse” qui, si on en croit Anatole
France, serait “le signe d'une conscience en paix”.
(1)
On peut aussi avoir foi en la doctrine orientale des renaissances.
Si l'on en croit le Bardo Todol (Le Livre Tibétain de la
Mort) ce qui va se passer de l'autre côté dépendrait
surtout du “dernier instant de pensée” au moment de la fin : là
alors, il y a drôlement intérêt a toujours bien surveiller
ses pensées ! Car une pensée positive (amour du prochain,
désir de progrès spirituel, etc.) prépare un passage
aisé dans le “Monde intermédiaire” (bardo)
suivi d'une renaissance heureuse. Par contre une mauvaise pensée
– haine ou avidité par exemple – vous prépare un passage
du genre "thriller" (Festival d'Avoriaz si vous voyez ce que je
veux dire) suivi d'une renaissance dans la peau d'un gars qu'a pas d'pot
! Pure hypothèse, mais vaut quand même mieux être prudent
!
Enfin tout cela n'est pas plus effrayant que ce que nous vivons tous
les jours de ce côté-ci de la barrière... à
condition toutefois de ne pas abuser de la connerie avec tout son cortège
de vacheries conscientes ou inconscientes.
(1)Il ne faudrait pas croire pour autant que les chanteurs d'opéra sont des types sans conscience... * * *
Les sages regardent avec la même sérénité un brahmane couronné de savoir et d'humilité, une vache, un éléphant, et même un chien ou celui qui mange un chien.
La beauté d’une une fleur, d’un petit enfant ou d’une jolie femme nous émeut. La vue de la crotte, de la pourriture, du pus, des crachats nous répugne.Bhagavad Gîta V - 18 (Traduction du Sanscrit par Anna Kamensky, introduction de J.B. Janin - Editions "courrier du Livre - 1964)
Pourtant, en y réfléchissant bien ce sont, tout comme la rose et la fille ravissante, des expressions de la Vie.
Sans le cycle biologique, qui passe sans cesse du beau au corrompu puis du corrompu au beau, il n’y aurait pas de vie. Donc si on aime la vie il ne faut pas mépriser ses manifestation d’apparence repoussante.
C’est là que prend toute sa valeur l’enseignement des Maîtres
Zen qui proclament à tout instant :
« ne pas faire de catégories ».
Accepterions-nous un billet de 100 francs qui ne serait imprimé que sur une seule face ?
Passe une jolie nana ou un gadget tentant et on oublie tout pour un temps et on replonge dans le Samsara