Un conte persan à l'époque des croisades

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Le texte ci-dessous est extrait du « Mantic Uttaïr » ou Le langage des oiseaux, œuvre de Farîd uddîn Attâr traduite du Persan par Garcin de Tassy( Paris Imprimerie Nationale 1863).

On trouvera dans l’introduction du traducteur des indications sur la vie de l’auteur qui serait mort de mort violente au bout de 110 ans ayant vécu entre 1120 et 1230 en Perse, à cette époque, foyer de grande culture, ce qui incite à la compréhension entre les hommes.

Pour l’auteur, musulman, sa foi est la meilleure, comme pour l’enfant sa mère est la meilleure des mères, les autres n’étant que des femmes. Ne soyons pas choqué qu’un musulman s’en tenant aux apparences du christianisme, voie dans une représentation ou une relique une idole ; si la croyance Trinitaire lui apparaît une marque de polythéisme, demandons-nous plutôt si nous ne commettons pas à notre tour et à notre époque prétendument éclairée de semblables erreurs !
 
 

LE GUERRIER MUSULMAN ET LE CHRETIEN

(pages 147 &148 de l'édition ci-dessus)

Un guerrier (musulman) demanda orgueilleusement à un infidèle de lui laisser le temps de faire sa prière. Ce dernier le lui accorda, et le guerrier fit sa prière ; puis le combat recommença et continua vivement. Or l’infidèle eut, lui aussi, une prière à faire, et, il voulut à son tour avoir une trêve. Il se retira donc à l’écart ; il choisit un lieu convenable, puis il courba sa tète sur la (?) devant son idole. Lorsque le guerrier musulman vit la tête de son adversaire dans la poussière du chemin, il dit en lui-même « j’ai obtenu actuellement la victoire. Il voulut donc par trahison le frapper de son épée; mais une voix céleste lui fit entendre ces paroles :

O homme tout à fait déloyal qui méconnais tes engagements! est-ce ainsi que tu prétends exercer ta fidélité et tenir ta parole? Cet infidèle n’a pas tiré l’épée lorsque la première fois il t'a accordé du répit; or, si tu le frappes actuellement, c'est une véritable folie. Tu n’as donc pas 1u les mots du Coran:
 


A ces mots le guerrier s’arrêta et fut inondé de pleurs de la tête aux pieds. Lorsque l’infidèle s’aperçut que son adversaire était en pleurs, ébahi, l’épée dans sa main, il lui demanda pourquoi il versait des larmes, et le musulman lui avoua la vérité :
 


Lorsque l’infidèle eut entendu ces mots précis, il jeta un cri et versa à son tour des larmes en disant :
 


O toi qui as négligé de rechercher le seul objet digne de tes désirs et qui as grossièrement manqué à la fidélité qui lui est due ! je pense bien que le ciel rappellera en ta présence une à une tes actions.
 
 

C. G. ,le 17 avril 1997

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