L’affreux supplice de ces moines-soldats en a fait des martyrs et toute une littérature en est née donnant naissance à un nombre impressionnant de faux ordres chevaleresques qui recrutent dans les milieux les plus divers ; de très nombreuses associations revendiquent une filiation fantaisiste, car on attribue à l’Ordre du Temple d’imaginaires mérites : on dénombre plus de 400 résurgences(1) . Certains fidèles cherchent un hypothétique trésor, scrutent le sol d’anciennes commanderies ou de châteaux ; d’autres veulent déchiffrer leurs graffiti et y trouver un message spirituel ; on commémore plus sûrement leur mémoire comme victimes de l’intolérance religieuse et politique.
A notre époque où la société bafoue les règles morales, où la liberté de pensée est dictée par des organismes multiples, certains rêvent de pureté, de bravoure, de respect de la parole donnée sans avoir à s’inféoder à des idées prodiguées par la presse ; la chevalerie conserve encore à notre époque un certain sens de l’honneur.
Au siècle de la communication, nous restons isolés les uns des autres, sans véritable échange intérieur. Les groupes chevaleresques modernes veulent perpétuer un esprit qui ne correspond plus à nos règles de vie actuelle, mais nous rêvons à un monde meilleur, épuré(2) . Alors nous prêtons à ces nobles chevaliers des qualités illusoires car, épris d’idéalisme, nous voulons naviguer à contre-courant.
Il est parfois enseigné que cet Ordre a construit nos cathédrales, qu’il a apporté la connaissance du “trait ” aux Compagnons du Tour de France, alors que cette règle permettant de résoudre des problèmes techniques par la statique graphique est déjà évoquée par l’architecte romain Vitruve vivant vers -85 à +26 de notre ère. Ce serait aussi méconnaître les constructions mérovingiennes où les principes de l’architecture sont déjà rigoureusement exploités ; ne faut-il pas également se souvenir que des ordonnances de Charlemagne en 769 interdisent le rassemblement de ces ouvriers turbulents, ce qui prouve qu’une sorte de Compagnonnage possédait déjà une organisation pouvant inquiéter le pouvoir royal ; les Templiers se sont formés beaucoup plus tard, en 1118.
Cherchons à cerner les faits historiques essentiels, en éliminant l’organisation matérielle du Temple, son enrichissement financier, son rôle de banquier.
Au début du XIème siècle les relations entre Chrétiens
et Musulmans se détériorent ; l’accès aux Lieux Saints
n’est plus possible pour les Occidentaux : les Croisades ont pour but de
les rendre accessibles. En dehors de ce souci religieux, les marchands
cherchent à retrouver les routes de leurs négoces et ils
sont prêts à financer une aide militaire ; les nobles entrevoient
la possession de nouveaux fiefs, de nouveaux titres. Les trois centres
d’intérêts s’allient et huit “ saintes croisades ” s’étagent
du XI° au XIII° siècle afin de délivrer Jérusalem(3)
.
Il faut ajouter les pénibles croisades des pauvres en 1198
et celle des Enfants en 1212 où Etienne entraîne d’Auvergne
(Cloyes) 30.000 enfants tandis que Nicolas part de Cologne et de Basse-Lorraine
avec 2.000 enfants, qui tous périssent avant d’avoir pu atteindre
les Lieux saints(4) .
De ces croisades, on rapporte le goût du luxe oriental, mais aussi des objets-souvenirs, des reliques vendues à prix d’or et qui, exposées dans nos églises, en transforment le plan afin que chaque pèlerin puisse être imprégné de leur fluide (création des absidioles et des bas-côtés, la nef ne suffisant plus à l’exposition de ces reliques) ; on conserve l’attrait et le culte de la lumière facilitant le passage de l’art roman à l’art gothique, inventé en Ile-de-France (région de Morienval, puis Saint-Denis).
Les principes techniques de cette architecture qui rompt avec la voûte en plein cintre utilisée par les Romains, autrefois ennemis du Christianisme, sont très particuliers par la répartition des tensions et des forces équilibrant l’édifice ; ils n’ont aucun rapport avec les constructions des Musulmans, mais l’ogive, arc brisé, entre plus largement dans nos constructions en lui donnant une impression d’envol.
En général, on considère cinq grands ordres de
Chevalerie créés en Terre sainte ; ils ont pour mission d’aider
et de défendre les pèlerins tout en étant de vocation
à la fois religieuse et guerrière . Ce sont :
On peut y ajouter les ordres de la Toison d’Or, de Saint-Michel
et celui de Sion.
Les couleurs qui figurent sur les manteaux sont : blanc pour Malte (sur fond rouge), rouge pour le Temple et le Saint-Sépulcre, vert pour Saint-Lazare, noir pour les Teutoniques.
Godefroy de Bouillon, comte de Boulogne, duc de Brabant, a été élu le 22 juillet 1089 roi de Jérusalem, mais il ne se déclare que le défenseur du Saint-Sépulcre. Son frère comte d’Edesse est couronné roi de Jérusalem sous le nom de Baudoin I le 25 décembre 1100 et règne jusqu’à sa mort le 2 avril 1118. A Baudoin Ier, succède son cousin germain, Baudoin II (14 avril 1118-21 août 1131).
L’ordre de la Sainte-Trinité, Ordre des Pauvres Chevaliers du Christ, est fondé à Jérusalem aux environs du 27 décembre 1118 par Hugues de Payens avec huit autres chevaliers francs(5) . Baudoin I, roi de Jérusalem, leur ayant donné pour siège des dépendances du Temple de Salomon détruit, cet ordre prend le nom de Ordre du Temple. Une autre partie des bâtiments est occupée par la mosquée d’Omar.
Le 14 janvier 1128, au concile de Troyes présidé par le légat apostolique (le seigneur évêque d’Albano), l’Ordre du Temple reçoit la règle de Saint Augustin, des mains de Bernard de Clairvaux, cousin ou oncle du fondateur. Bernard de Clairvaux a très peu participé à cette rédaction pour laquelle il n’est guère enthousiaste (6) . Cet ordre doit servir Dieu dans la prière et l’amour d’autrui et en même temps s’engager dans une profession armée : “un double combat, à la fois contre la chair, et contre les esprits de malice répandus dans les airs” ; “le corps était recouvert d’une armure de fer et l’âme d’une armure de foi”. La croix rouge à 8 pointes (croix des huit Béatitudes), leur est octroyée par le pape Eugène III, le 22 avril 1147. La règle est du type monacal cistercien; la robe est blanche.
Ces nouveaux moines-soldats se font remarquer par leur courage, leur
ténacité et ce petit groupe prospère rapidement. D’après
la Règle donnée au Concile de Troyes, l’Ordre est dirigé
par le Maître du temple qui n’a cependant qu’une voix dans le chapitre
; le Sénéchal peut remplacer le Maître ; puis viennent
le Maréchal responsable de la discipline, des Commandeurs de province
puis ceux des maisons et des chevaliers ; les chapelains relevant directement
du pape célèbrent les offices religieux.
Les chevaliers ont un écuyer et trois chevaux. A la fin des
croisades pour lesquelles l’ordre avait été créé,
les chevaliers ont perdu leur rigueur d’origine : ils perdent des batailles,
capitulent, vivent dans l’opulence de banquiers. Après la chute
de Jérusalem, ils s’installent à Saint-Jean d’Acre d’où
ils sont chassés par les Sarrazins en 1291 ; ils séjournent
dans l’île de Chypre et placent finalement leur Maison-Mère
à Paris. Les Templiers auraient été environ 15.000,
dont 2.000 en France.
L’Ordre du Temple n’a pas eu la vocation d’un ordre constructeur, mais il a fait entretenir et même construire églises et châteaux par des spécialistes, les Compagnons du Tour de France ; trop souvent, on leur prête le caractère de maîtres d’œuvre. Leur mission est fort différente de celle des frères Pontifes, plus particulièrement réalisateurs du pont d’Avignon dont les ruines font encore notre admiration pour sa technique fort aboutie.
On a exprimé l'idée que les Templiers avaient fait établir des églises circulaires, comme à Londres, Laon, Metz, ce qui est sans doute un rappel du Saint-Sépulcre de Jérusalem et dont le plus bel exemple figure à Neuvy-Saint-Sépulchre (36230) construit en dehors de l’emprise templière. L’église rayonne dans toutes les directions et marque tous les individus ; elle symbolise un centre du monde, le lieu sacré par excellence où tous les influx convergent ; mais déjà Charlemagne à Aix-la-Chapelle avait fait réaliser un lieu semblable, le “ centre ” de son empire. Louis Hautecœur(7) et surtout Elie Lambert(8) ont apporté d’utiles précisions sur ces réalisations. Retenons aussi que la remarquable et sensuelle Vera Cruz, près de Ségovie, souvent classée dans l’architecture templière, a été construite par les Arabes et seulement rénovée par les Templiers. D’une manière générale, ceux-ci ne construisent pas, mais font renforcer de nombreux ouvrages, principalement militaires afin d’accomplir leur mission : sauvegarder les pèlerins. Il se peut que parmi eux un membre, plus spécialement attiré par les problèmes architecturaux, ait eu des relations avec quelques spécialistes, ce qui ne peut nous conduire à décréter que cet Ordre a possédé des méthodes particulières dans l’art de construire, qu’il a édicté des méthodes — dont le trait — ; les églises templières sont le plus souvent des petites chapelles, fort simples, de petites dimensions, des lieux établis pour le recueillement.
Après la période des guerres saintes, abandonnant leur mission spirituelle, les Templiers se consacrent à des tâches profanes, la gérance des biens, des commanderies, des fermes ; souvent orgueilleux, arrogants, ils ne sont guère estimés par le peuple. L’image de l’Ordre s’est considérablement altérée.
Depuis une trentaine d’années, ils n’ont plus de combats à soutenir. En 1307, après une succession de vingt-deux grands maîtres, le pape Clément V, l’obligé du roi de France Philippe IV le Bel, demande à Jacques de Molay, alors grand maître, de procéder à la réforme de sa milice. Les événements s’accélèrent : au matin du vendredi 13 octobre 1307, les chevaliers français sur ordre de Philippe le Bel sont arrêtés dans leurs commanderies. A la suite de la procédure inquisitoriale, avec application de la torture, Philippe le Bel, conseillé par Nogaret, démontre l’opprobre d’un ordre religieux qui cracherait sur le crucifix (9) , renierait Dieu, pratiquerait l’homosexualité, aurait entretenu d’excellents rapports avec les Musulmans et les troupes du Vieux de la Montagne. Effectivement, l’Ordre du Temple, s’il a combattu l’Ordre des Assassins commandé par Hussan Sabah, le Vieux de la Montagne, a eu durant les trêves des contacts avec des cavaliers défenseurs de leur idéologie, un ordre bien semblable au leur(10) . ; ils ont connu la tradition des chevaliers musulmans ; ces deux Ordres vivent les mêmes rites de la chevalerie ; les Templiers deviennent les «chevaliers d’Orient et d’Occident» tout en paraissant être restés à l’écart du soufisme, l’ésotérisme de la foi musulmane.
Au concile de Vienne, le 13 octobre 1311, l’Ordre est aboli ; supprimé, il n’est cependant pas condamné, fait confirmé le 3 avril 1312 (bblle Vox Clamantis) ; par la Bulle Ad Providam Christi Vicarii du 2 mai 1312, les biens des Templiers reviennent à l’Ordre de l’Hôpital dit les Chevaliers de Rhodes (créé en 1309) qui deviendra l’Ordre des Chevaliers de Malte en 1530 ; Clément V se réserve le droit juger les dignitaires de l’Ordre (6 mai 1312 , bulle Considerantes).
Seuls les Templiers français sont poursuivis, alors que dans les autres pays ils ne sont pas inquiétés. Cependant, Jacques de Molay, son grand maître, a reconnu tous les crimes qu’on leur impute, mais revenant sur ses déclarations, comme relaps, il est brûlé vif à Paris, dans l’île de la Cité, le 18 mars 1314, avec le précepteur de Normandie, Geoffroy de Charnay et quelques autres dignitaires, sur la seule décision du roi de France ; la justice pontificale n’a pas eu à se prononcer. Sont rendus responsables de cet affreux supplice Philippe IV le Bel, Guillaume de Nogaret et Bertrand de Got, ancien archevêque de Bordeaux devenu Clément V, le premier pape installé en Avignon. Les dernières paroles de Jacques de Molay assignant ses bourreaux à comparaître devant le tribunal de Dieu paraissent appartenir à la légende ; cette malédiction apocryphe se base sur les morts du roi, de son conseiller et du pape, dans la même année.
Les successeurs de Clément V — et principalement le pape français Jacques Duès devenu Jean XXII— se montrent beaucoup plus indulgents envers l’Ordre abattu et autorisent les Templiers à se faire oublier ou à rejoindre d’autres Ordres religieux en Ecosse (dont l’Ordre protégé par Robert I est supprimé lors de la Réforme) et au Portugal (Ordre du Christ à Tomar). L’Espagne revendique avoir conservé des éléments dans l’Ordre militaire de Montessa en Aragon (10 juin 1317).
Ainsi, au Portugal, le roi Denis Ier a demandé le maintien de l’Ordre du Temple sous le nom de Chevaliers du Christ avec la règle de Calatrava, identique à celle du Temple ; en 1366, leur siège est fixé à Tomar. Il en est de même en Espagne où le nouvel Ordre de Montessa devient honorifique en 1542. En Ecosse, le roi Robert Bruce l’intitule Ordre du Chardon de Saint-André d’Écosse ; en 1593, trente-deux de ces chevaliers établissent la Rose-Croix Royale qui d’Invisible Collège devient, en 1662, la Royal Society qui influence la formation moderne de la Franc-Maçonnerie.
Cependant l’affreux supplice des Templiers connus pour leur remarquable organisation, a fait naître bien des phantasmes qui venus à notre époque ont donné libre cours à l’imaginaire sans support historique ; on a désiré reconstituer cet Ordre dépendant du Saint-Siège de Rome. La dissolution ayant été prononcée par le pape, seul le Saint-Siège — et les Ordinaires dûment constitués par lui — ont le droit d’estimer si tel groupe peut ressusciter ou non. Clément XIV, dans son bref du 21 juillet 1773, a rappelé la suppression de cette institution religieuse.
Si des Templiers échappés au massacre ont pu continuer de vivre en communauté, ils n’ont pu constituer qu’un faux Ordre, le vrai étant frappé d’interdit par la seule autorité compétente en matière religieuse. L’Osservatore Romano (n° 30 du 24 juillet 1970) nous met en garde contre les associations qui se prévalent de filiations illusoires. Il est fort possible que quelques Templiers se soient réfugiés individuellement près des Compagnons du Tour de France, dans des grottes comme à Jonas en Auvergne, ou qu’ils soient partis à l’étranger. Par contre, de nombreux groupes constitués sans aucune filiation prétendent être les héritiers légitimes du Temple, dont ils auraient conservé un dépôt spirituel. Mais que savons-nous exactement de leur pensée qui, depuis 1314, n’est guère comparable à la nôtre, les conditions de l’environnement étant fort diversifiées ?
Se ralliant à la connaissance traditionnelle, on a commenté
une règle ésotérique secrète qui aurait été
pratiquée par lesTempliers ; trouvée dans les archives de
la Grande Loge d’Hambourg, publiée par Mertzdorff en 1877, celle-ci
s’est révélée être un faux. Probst-Biraben,
dans Les Mystères des Templiers, Albert Lantoine(11)
, René Le Forestier(12)
, puis Dailliez(13) , ont
analysé ces documents trop souvent interprétés selon
une optique partisane ; de cet Ordre chevaleresque religieux, nous n’avons
aucune trace d’un rituel initiatique secret, mais il est évident
que, pour la bonne marche de leur groupe, les responsables avaient des
réunions en dehors des simples chevaliers et de leurs servants,
ce qui n’implique pas des réunions ésotériques avec
un cérémonial particulier. De même, on cherche encore
en vain leur trésor matériel qui a été réparti
entre les ordres monastiques suivant les décisions papales.Ce qui
n’empêche pas que de nombreuses légendes affirment que des
membres ont été mandatés pour poursuivre leurs activités,
“ secrètes ” bien entendu. Voici les trois filiations les plus en
vogue :
Albert Lantoine a montré que la charte dite de «Larmenius»
était une fabrication de circonstance et prolongeait le mythe chevaleresque
mêlant rêves et réalité. Trop de légendes
continuent de circuler à leur propos et il est regrettable que les
Hauts Grades de la Maçonnerie entretiennent quelque peu cette fiction
qui ne repose sur aucun fait historique ; dans le Compagnonnage, on assimile
parfois Maître Jacques à Jacques de Molay, dernier Grand Maître
de l’Ordre du Temple. Ce “Templarisme” maçonnique continue cependant
à marquer certains Maçons. On se réfère au
Discours de Ramsay (1686-1743) qui, cependant, en 1736, ne parle pas des
Templiers, mais de «Nos ancêtres, les croisés, rassemblés
en toutes les parties de la chrétienté dans la Terre-Sainte,
voulurent réunir dans une seule confraternité les sujets
de toutes les nations”. Ramsay après une Maçonnerie établie
à partir des rites du métier de constructeur, aborde un enseignement
plus spirituel à partir de la chevalerie et du métier des
armes.
Dans une perspective maçonnique entretenue par les loges, principalement avec les grades de vengeance (chevalier Kadosh), il est affirmé que Humbert Blanc, Précepteur d’Auvergne, se réfugie en Angleterre ; Pierre d’Aumont, Grand Maître provincial d’Auvergne, gagne Heredown en Ecosse, aide le roi Robert Bruce a gagner l’indépendance de son pays par la bataille de Bonnockburn en 1314. En 1754, le chapitre de Clermont confirme cette filiation templière également soutenue par l’obédience maçonnique allemande constituée vers 1751 par le baron Karl von Hund (1722-1776) et qui émerge sous le nom de Stricte Observance Templière, S.O.T. ; cette Maçonnerie rectifiée proviendrait de l’Ordre du Temple, mais également de la Maçonnerie Ecossaise, œuvre des Stuarts détrônés (branche Jacobite).
La S.O.T. a sans doute été également influencée par les Chevaliers Porte-Glaive et les Chevaliers teutoniques. Elle veut restaurer l’Ordre du Temple, recouvrer ses trésors en obéissant à ses chefs, les Supérieurs Inconnus. Certains membres prirent ce programme à la lettre et quelques imposteurs profitèrent de la situation. Elle conférait sept grades (apprenti, compagnon, maître, maître écossais, Novice, Templier, Chevalier Profès qui comprenait lui-même plusieurs classes). Hund, en 1772 au convent de Kohlo (1772), allie son groupe au Cléricat de Johann August Starck.
Ferdinand de Brunswick-Lunebourg-Wolfenbüttel (1721-1792) (Eques a Victoria) en devient le Grand Maître en 1777 (à ne pas confondre avec son neveu Charles-Guillaume de Brunswick qui commandait lors de la bataille de Valmy). Les accords de Kohlo sont dénoncés aux convents de Brunswick (1775), de Wolfenbüttel et de Lyon (1778). A la mort de Hund en 1776, Charles de Sudermanie (futur Charles XIII de Suède) établit des rapprochements avec la maçonnerie suédoise de Zinnendorf, appelée “ Ecole du Nord ”, influencée par l’hermétisme et le rosicrucianisme. Le grade de Chevalier d’Ecossais vert n’était accessible qu’aux nobles. La filiation templière et le mythe des Supérieurs Inconnus ne sont pas reconnus au Convent de Wilhelmsbad (16 juillet - 29 août 1782) qui forme à sa place le Régime Ecossais Rectifié dont les prieurés sont calqués sur l’organisation médiévale, et son degré terminal Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte (CBCS) est un grade plus chevaleresque que maçonnique(14) . Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824) confère cette distinction à Ferdinand de Brunswick et à Charles de Hesse.
L’ordre Templier a ainsi laissé des traces dans les Hauts Grades de la Maçonnerie, principalement dans le Rite Ecossais Rectifié, dans le Rite d’York, dans le Rite Ecossais Ancien et Accepté (chevalier Kadosch 30ème mais aussi 32ème et surtout 33ème),
Il est maintenant démontré, contrairement à une
opinion trop répandue, que les Hauts Grades maçonniques,
pas plus que les rites maçonniques des trois premiers degrés,
ne sont les héritiers directs des Templiers, pas plus d’ailleurs
que les nombreuses sociétés profanes qui s’en réclament.
Les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, Ordre du Christ au
Portugal, (15 mars 1319) est les seul successeur légitime. Le rituel
du 30ème degré déclare «Notre grade commémore
l’Ordre Templier et s’en inspire sans pour autant prétendre en être
le continuateur et l’héritier» ; de même au Rite Ecossais
Rectifié “le grade de Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte
diffère de ce que pouvait être la pensée templière
non préoccupée de soufisme, d’alchimie ou de magie. …».
Par contre, l’imaginaire suscite les mêmes transports idéologiques
et il n’est pas rare de rencontrer hommes ou femmes, aux pieds plats et
à la démarche chancelante, se proclamer appartenir à
la noble lignée des chevaliers du Temple…
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