Retour à COSMOS  Retour à VIOLA TRICOLOR

un point de vue universitaire

Les Védas :


Pour les tenants du Védanta, la Révélation est entièrement contenue dans les Védas, et tout ce qui serait en contradiction est illusoire. C’est le plus ancien corpus écrit de l’humanité qui soit actuellement la règle de millions d’individus, les formes tardives de l’Hindouisme et du Bouddhisme s’en inspirent, Guénon y voit la source de la Tradition exprimée dans la langue sacrée, le sanskrit.

Monolithique dans ses références, ce que l’on appelle de nos jours le Védantisme à donné naissance à des écoles qui ne diffèrent guère que par les méthodes d’exposition de la doctrine.

La plus connue en Occident est celle de Shankaracharia, contemporain de Charlemagne, dont nous donnons le petit traité intitulé "Atma Boddha" traduit par « De la Connaissance de l’Esprit ». La clarté d’expression de l’auteur, et les images qu’il utilise ( ce qui présente l’avantage d’une traduction facile) explique son succès auprès des occidentaux actuels.

C. G. le 24 Juin 1997


 
 


Ci-dessous, un point de vueuniversitaire, extrait de l’Encyclopédia Universalis sur CD-Rom.(© 1995 Encyclopædia Universalis France S.A.Tous droits de propriété intellectuelle et industrielle réservés)

« La littérature védique

La rédaction du Veda a dû se faire, de façon continue, pendant plus d’un millénaire, entre le XVIIIe et le VIIIe siècle avant l’ère chrétienne. Ces dates restent approximatives pour deux ordres de raisons : d’une part, parce que les textes védiques ne comportent aucune référence à des événements historiques connus par ailleurs, ni même à des civilisations étrangères ; d’autre part, parce que le début et la fin de cette rédaction sont également difficiles à apprécier : maintes strophes du Rgveda ont pu être composées avant le IIe millénaire, cependant que certaines Upanisad l’ont été bien après le VIIIe siècle. Pourtant, il est certain que la majeure partie du canon védique a été élaborée et mise en forme dans la limite des dates indiquées plus haut, au fur et à mesure de la pénétration des clans indo-européens (que le Veda nomme arya , « aryens ») dans l’Inde du Nord-Ouest. La lente progression des tribus aryennes dans un aussi vaste territoire devrait pouvoir fournir des points de repère pour aider à la datation, au moins relative, des textes védiques. Il n’en est malheureusement rien, car, dans ce domaine encore, les références sont imprécises, très allusives ; lorsque, par exemple, tel hymne du Rgveda fait mention d’une « bataille des dix rois », on serait bien en peine (et les commentateurs indiens anciens l’étaient autant que nous) de la situer, de la dater, voire de décider s’il s’agit d’un événement historique ou mythique. À cela s’ajoute enfin l’habitude qu’ont les colons, en Inde comme ailleurs, de donner aux régions dont ils s’emparent des noms empruntés à leur pays d’origine : il serait hardi (d’aucuns l’ont fait) de décider, suivant l’homonymie, que les flots du Danu dont parle tel poète védique sont bien ceux du Danube (ou du Don ?).

Mais la gêne principale en ce domaine vient de ce que l’archéologie védique est inexistante ; cela pour deux raisons principales, l’une tenant aux conditions présentes de la recherche, l’autre au caractère propre de la civilisation « védique ». Nomades en voie de sédentarisation, les aryens n’utilisaient que des matériaux périssables : l’argile, le bois. Le cuivre, le fer, l’or et l’argent étaient certes connus, mais servaient surtout à la confection d’armes et de bijoux. Si donc l’on a peu de chances de trouver des sites archéologiques comparables à ceux de la civilisation de l’Indus (Mohenjo-Daro, Harappa), on doit par contre espérer fouiller un jour des tombes de chefs qui fourniront l’équipement guerrier et un mobilier funéraire d’objets familiers. Malheureusement, les régions à scruter sont parmi les plus disputées de l’Asie : ce sont celles (Cachemire, Penjab, Afghanistan, Turkestan russe et Turkestan chinois) où se croisent les frontières des anciennes républiques soviétiques et de la Chine, de l’Inde et du Pakistan ; autant dire que la recherche archéologique systématique par les moyens modernes (photographie aérienne) n’est pas près d’y être entreprise ! Aussi sommes-nous privés des secours dont disposent les savants qui étudient Homère ou la Bible. Cela donne une physionomie particulière aux études védiques, qui restent fondées, par la force des choses, sur la seule philologie. Le dommage n’est cependant pas aussi grand qu’il paraît, car le Veda a un caractère encyclopédique, voulu par ceux qui l’ont composé (d’où son nom : « le Savoir », c’est-à-dire « la Somme des connaissances essentielles ») ; à la faveur de prescriptions rituelles, de récits mythiques ou de panégyriques, apparaissent des détails significatifs qui permettent de reconstruire pour l’essentiel l’univers familier des Indiens védiques, tant en ce qui concerne la vie quotidienne que l’idéologie. Mieux même, la richesse des réflexions que l’on trouve dans le Veda à propos de cette dernière en font une pièce maîtresse de la comparaison entre les civilisations du même type (grecque, latine, scandinave, celtique, germanique) : les démonstrations de Georges Dumézil (par exemple dans L’Idéologie tripartite des Indo-Européens , Bruxelles, 1958) l’utilisent massivement. On voit donc que le Veda possède une valeur documentaire considérable et qu’il est possible de l’utiliser pour restituer une image très approchée du monde dans lequel il fut lui-même élaboré et resta pleinement vivant pendant plus d’un millénaire. Cependant, avant de s’intéresser à la civilisation et à la religion védiques, il convient de prendre une vue d’ensemble de ce qu’est, matériellement, cette masse de documents, c’est-à-dire de décrire la forme des textes védiques avant d’en analyser le contenu."
 
 

Retour à COSMOS Retour à VIOLA TRICOLOR  DEBUT