RELIGION ET LAÏCITE
UNE RELIGION, QU'EST-CE QUE C'EST ?  LE QUATRIEME JUIF  LAICITE   ORNEMENTS ÇA SERT D'AUTO  ART SACRÉ  LA  CANTINE  EXOTISME  RACONTONS LA BIBLE AUX ENFANTS   EXOTERISME ET ESOTERISME   DILEMME UNE BLAGUE BOUDDHIQUE
 
UNE RELIGION, QU'EST-CE QUE C'EST ?
A l'origine il y a un message proclamé par un Grand Être inspiré par l'Esprit Divin , lui même manifestation du Principe Ineffable. Message dont il découle tout naturellement une éthique, un code moral adapté aux conditions de lieu et de temps ainsi qu'à la mentalité propre au peuple auquel il s'adresse. Puis, pour traduire les vérités métaphysiques fondamentales le plus souvent inexprimables par la parole, sont institués des rites qui sont des symboles en action et dont le but est de faire participer les hommes à l'Ordre Cosmique.

Petit à petit, tout se dégradant, il ne reste plus des rites, vidés de leur sens profond, que l'enveloppe extérieure et, de l'Éthique, qu'un code de règles sociales souvent désuètes et inadaptées aux nouvelles conditions de temps et de lieu. C'est alors qu'apparaissent les " Intégristes " qui tiennent d'autant plus aux manifestations extérieures de la religion qu'ils en ont oublié le sens profond et prétendent se faire l'interprète de la volonté divine pour les imposer aux autres.

C'est ainsi que l'on voit persécuter aussi bien les "Modernistes" que les "Esotéristes" qui s'en tiennent au sens profond et immuable du Message

Il est alors grand temps qu'un nouveau Prophète apparaisse pour une réadaptation. C'est le rôle qu'ont joué le Bouddha pour 'Hindouisme et Jésus pour le Judaïsme.

Vivre pleinement sa religion dans un pays dont les structures sociales et le mode vie ont été adaptés à une autre Tradition est très difficile ;

– Ou bien on se sent obligé d'en négliger certains aspects pour se conformer aux us et coutumes du pays d'accueil (un dicton russe ne dit-il pas : "Dans un monastère étranger ne cherche pas à imposer ta loi") et alors, progressivement, si l'on n'a pas fermement imprimé en soi l'essence profonde de sa propre Tradition, on finit par s'en détacher ou , au mieux à en faire le simulacre ; on va à l'église, à la mosquée ou la synagogue les jours prescrits et encore, pas toujours, et pour le reste, va comme je te pousse.

LE QUATRIEME JUIF
Dans un petit magasin de tissus de la rue du Sentier à Paris, un Mardi matin, Mosché‚ le commis, est assis sur un ballot de tissus lorsqu'arrive Monsieur Kornfeld le patron qui, étonné de ne pas le voir au travail, lui demande ;

– Alors Mosché‚ on ne travaille pas aujourd'hui ?

– Ben non, j'attends le quatrième Juif.

– Quel quatrième Juif ?

– Ecoute Monsieur Kornfeld, d'abord il y a eu l'Éternel, béni soit Son Saint Nom, qui a décidé qu'il ne fallait pas travailler le Shabbat, après est venu Jésus Christ qui a dit que c'est Dimanche qu'il faut chômer, ensuite est venu Léon Blum qui a déclaré qu'il fallait fermer la boutique le Lundi. Alors, moi, j'attends le quatrième Juif qui dira de se reposer le Mardi.

LAICITE
Nous vivons, parait-il dans une république laïque. Laïque, cela signifie, en principe, que l'on respecte les opinions, et conceptions philosophiques ou religieuses de tous les citoyens. Pourquoi, alors imposer des jours fériés à des gens qu'ils ne concernent pas. Devrait-il être permis, par exemple d'obliger les royalistes à fêter le 14 Juillet ou bien de forcer les Juifs et les Musulmans à chômer à Noël ou à Pâques ?

Ou bien, en toute laïcité, on chôme les jours fériés de toutes les religions pratiquées dans notre pays ; on ne travaille ni le Vendredi pour les Musulmans, ni le Samedi pour les Juifs, ni le Dimanche pour les Chrétiens, ni non plus le Lundi pour les commerçants…On sera en vacances pour Noël, Hanouka, Pâques, Pessah, la Pentecôte, Yom Kippour, la Toussaint, etc. tout le monde jeûnera pour le Ramadan et, avec un peu de chance, peut-être trouvera-t-on dans l'année, deux ou trois jours qui n'étant fériés pour personne, il sera enfin possible de se mettre au travail !

Ou bien encore, toujours fidèle à la Laïcité, on pourrait permettre les "congés à la carte" ; chacun chômant pour les jours fériés de sa propre Tradition. Les Incroyants, tant pis pour eux ; il ne leur restera que le premier Mai, le 14 Juillet, et le 11Novembre, na !

Après tout, ce système ne serait peut-être pas si bête ; il pourrait résoudre certains problèmes comme par exemple le fonctionnement en continu de certaines entreprises, grâce à un savant dosage du personnel astucieusement réparti entre les diverse religions. Fini le casse-tête de l'étalement des vacances, sans doute même ce système aiderait-il à diminuer le chômage. Je plaisante ou non ? Allez donc savoir.

ORNEMENTS ÇA SERT D'AUTO
... Jésus dit : «Tu te retireras dans un lieu solitaire et tu priera en ton cœur ; "Notre père qui es aux cieux..."». Le Bouddha Sakyamouni conseille à ses disciples de se retirer dans la forêt et de s'asseoir seul sous un arbre pour se livrer à la méditation.

J'ai beau éplucher les anciens textes, tant chrétiens que bouddhistes, je ne trouve nulle part l'injonction de construire des temples grandioses et coûteux ni de déguiser les ministres du culte avec des vêtements chamarrés de toutes sortes d'ornements ; les disciples du Bouddha devaient se vêtir de lambeaux de tissus récupérés dans les lieux de crémation et cousus ensembles. C'est l'origine du "késa" des moines Zen.

Les hommes ne peuvent-ils se passer de décorum pour chercher la Vérité ? Ou bien ayant peur, en LA trouvant, de perdre leur petite individualité mesquine, La recouvrent-ils d'une couche de dorure à l'image des bijoux en toc dont ils aiment s'affubler.
 

* * *
Lorsque je lui ai transmis cette réflexion sur les Temples coûteux et les Ornements "ça - sert - d'auto", l'ami Francis, mon talentueux illustrateur s'est vigoureusement récrié. Il m'écrit ;

" ... Peut-être ne suis-je qu'un esthète ?(1)Non je ne pense pas, mais comme Sainte Thérèse d'Avilla et d'autres, je suis persuadé que, quelle que soient la simplicité, la frugalité de la vie monastique et aussi du clergé séculier de nos jours, rien n'est trop beau, trop précieux, trop "Chef d'œuvral" pour l'accomplissement des rites, liturgie, etc. Il me semble bon que la cellule soit simple, dépouillée et propre, mais le Sanctuaire doit être splendide"

Il a raison et je n'ai pas tord, c'est une question de point de vue . Lorsqu'un artiste ou un artisan travaille avec ferveur pour construire ou décorer la Maison de Dieu ou broder des Vêtements somptueux pour les Ministres du Seigneur,(2)offrant leur travail à l'Éternel comme une prière, ainsi que l'ont fait les constructeurs de cathédrale ou les peintres primitifs je dis "Bravo". Même lorsque le travailleur est malhabile et son œuvre naïve (voir certaines statues de la Vierge dans nos petites églises de campagne)

Mais lorsqu'un Ministre du Culte (à quelque confession qu'il appartienne ; seuls l'appellation et l'habit change, mais ils se ressemblent tous) demande avec insistance de l'argent aux fidèles (lesquels se font tirer l'oreille et ne lâchent leur "grisbi" qu'à contrecœur) pour acheter des horreurs en provenance de la Rue Saint Sulpice ou de Taiwan afin que leur lieu de culte soit le plus beau, plus beau que celui du voisin alors là je "hurle au charron".

* * *
(1)Pour un artiste c'est normal, n'est-ce pas ; ne parle-t-on pas des " esthètes de l'art " IN COR RIGIBLE ! dès que se présente une possibilité de calembour, je me précipite dessus avec d'autant plus de plaisir qu'il est plus mauvais.


Esthète de l'Art
(2) Le Bouddha lui même, qui avait prescrit à ses moines de se vêtir de lambeaux de tissus récupérés dans les cimetières et recousus ensemble, a fini par céder – à contre cœur – aux prières des riches disciples qui voulaient manifester leur attachement au Saint Dharma en offrant des vêtements neufs aux moines.
ART SACRÉ
Les hommes ont, de tous temps, consacré à leurs Dieux le meilleur de leur art. Cela à donné des merveilles d'élégance et de science architecturale : Les Temples d'Égypte, le Parthénon, les Cathédrales, Borobudur ce magnifique mandala en trois dimensions.

Nous autres, au vingtième siècle, nous avons le Temple de Sainte Connerie : Disney Land. En guise d'eau lustrale on y distribue du Coca Cola.

En peinture c'est la même chose ; sacrifiant à Sainte Psychanalyse le peintre – heureusement pas tous – projette ses fantasmes sur la toile, le contre-plaqué ou l'aluminium. J'ai connu une femme peintre, au demeurant charmante, qui balançais les siens sur d'immenses toiles sous la forme, paraît-il abstraite, de triperie gynécologique dans des tons rouge violacé.

On ne peut pas peindre des vierges à l'enfant pendant des siècles, non ?

LA CANTINE
Imaginons que je fasse partie d'une entreprise où il y a une cantine dont le menu ou la cuisine ne me convienne pas.

Si je vais trouver le patron et que je lui dis que j'estime que ce qu'on me sert pour le prix de mon ticket de cantine est insuffisant ou inacceptable et qu'il doit changer les menus ou réprimander le cuisto, je pense que je serai dans mon droit.

Mais si je lui dis : "Votre cantine est dégueulasse, payez moi un bon resto", c'est lui qui sera en droit de m'envoyer sur les roses !

C'est à ce petit scénario que peut se résumer la querelle de l'école.

Essayons d'imaginer la réaction des fanatiques de l'école libre si le Parti Communiste se mettait en tête d'ouvrir des écoles et de demander des subventions à l'État ?

Pourquoi pas après tout. Les bigots de l'Église et ceux du Parti, ont bien souvent des comportements assez semblables, ce qui devrait les rapprocher.

EXOTISME
"Nul n'est prophète en son pays"

La vérité nous semble beaucoup plus vraie lorsqu'elle est exprimée en langue étrangère par quelqu'un vêtu d'un costume exotique.

Cela est également vrai pour les non-vérités ; les pseudo-gourous des sectes l'ont bien compris !
 

Grand Prêtre mysticovasouillard en grande tenue


RACONTONS LA BIBLE AUX ENFANTS
Fidèle à son rôle de grand-père qui est, entre autre , de transmettre la tradition à ses petits enfants (les parents trop occupés par les nécessités de la vie moderne, n'ont, hélas, pas souvent le temps de le faire) notre ami G. racontait la Sainte Bible à son petit fils Pierrot, cinq ans et à sa petite fille Pierrette, trois ans. Il leur expliqua comment Adam et Éve avaient été chassés de l'Éden pour avoir désobéi à l'Éternel qui leur avait interdit de manger le fruit de l'arbre du Paradis – faut pas manger les fruits du jardin sans la permission des parents, peut – être ils ne sont pas murs et on peut attraper mal au ventre.

Une autre fois les habitants de Sodome et Gomorrhe n'avaient pas été gentils avec des visiteurs – faut être toujours bien poli avec les gens qui viennent voir papa et maman, bien leur dire bonjour et des choses gentilles et pas dire des gros mots – alors l'Éternel avait complètement démoli ces deux villes où les gens n'étaient pas polis avec les touristes.

Encore une autre fois comme les gens n'étaient pas obéissant avec leur Papa Éternel, il s'était fâché tout rouge et avait décidé de tout faire disparaître sous l'eau. Mais quand même, il y avait un Monsieur appelé Noé qui, lui, avait été bien sage, alors Papa Éternel lui avait dit de construire un grand bateau pour se sauver. Et comme Monsieur Noé aimait bien les gentils animaux et faisait partie de la S.P.A. Papa Éternel lui avait permis d'emporter avec lui sur son bateau tous les animaux qu'il aimait. Et quand tout le monde, Monsieur Noé et Madame Noé, leurs enfants et tous leurs animaux ont été bien à l'abri dans le bateau, Papa Éternel avait fait pleuvoir pendant quarante jours et tout le monde avait été noyé – c'est bien fait pour eux, ils n'avaient pas été gentils – sauf naturellement Monsieur et Madame Noé et toutes les gentilles bêtes puisqu'ils étaient sur le bateau.

Ainsi, notre ami G. racontait tous les épisodes de l'Ancien Testament ; Job sur son fumier, Abraham à qui Papa Éternel avait demandé de faire un trou dans le ventre de son fils Isaac avec un grand couteau (mais là c'était pour rire, juste pour voir si Abraham était bien obéissant) et encore tout le reste ; je ne raconte pas vous connaissez. Puis, arrivé au Nouveau Testament, voila que Grand-Papa G. Se met parler du Bon Dieu.

– Qui c'est çui-là ? demande Pierrette.

– Ben , tu sais bien, c'est le méchant, répond Jeannot.

* * *
L'ami qui m'a raconté cette histoire m'a affirmé qu'elle est tout à fait authentique. Je me suis contenté de changer les Noms des personnages.
EXOTERISME ET ESOTERISME
Lorsqu'on lit les Livres Sacrés de n'importe quelle Religion on y trouve un tissus de fables plus ou moins abracadabrantes, quand ce n'est pas, pour certaines, du point de vue moral franchement choquantes, telles, dans la Bible l'histoire de Sodome et Gomorrhe ou bien encore celle des filles de Lot.

Quelque bonne volonté qu'on y mette, à moins d'être " Témoin de Jéhovah " on ne peut pas croire qu'il s'agisse là de la Parole Divine.

Le Judaïsme et l'Islam s'interdisent de faire des images du Principe divin, au point même que dans le Judaïsme, le Tétragramme Sacré qui le désigne ne doit même pas être prononcé, on doit seulement l'épeler : "Iod Hé Vav Hé" Si l'on pouvait s'en tenir à ce sage principe cela éviterait la dégénérescence progressive de la Religion en vague sentimentalisme moralisateur.

Hélas ! Les humains étant ce qu'ils sont, il était bien difficile d'éviter de donner au Divin un aspect anthropomorphique ; c'est ainsi que les textes sacrés, pris à la lettre, perdent progressivement dans la compréhension des fidèles, leur sens profond pour se transformer en fables auxquelles même un enfant de dix ans ne pourrait pas croire.

Se serait alors le rôle de l'ésotérisme en rappelant le sens symbolique des textes que d'en faire comprendre le sens réel.

 DILEMME
"Si ton Frère te frappe sur la joue droite, tends-lui la gauche" (Les Évangiles)

"Pour un œil, les deux. Pour une dent, toute la gueule" (Adage révolutionnaire)

Entre ces deux maximes contradictoires, laquelle est la bonne ?

A priori on aurait tendance à opter pour l'enseignement de Jésus.

Est-ce toujours la solution la plus sage ? Si je tends la joue gauche, indéniablement je progresse dans la voie spirituelle, oui mais en encourageant l'autre dans la violence. Egoïstement, je pense à mon salut et je laisse l'autre s'enfoncer, s'empêtrer , dans la voie descendante. Est-ce là vraiment de la compassion ?

Chacun doit-il ne s'occuper que de son propre Salut et que les autres se démerdent ?

Ou bien, si on a commencé à entrevoir un petit coin de la sagesse doit-on tendre la main aux autres pour les aider à s'évader des ténèbres ?

"Parler du Dharma à ceux qui ne sont pas en mesure de le recevoir, c'est là paroles inutiles dont il est bon de s'abstenir" nous enseigne le Bouddha. Comment savoir si l'autre est accessible à la sagesse sans lui en avoir d'abord parlé ?

"Pour un œil, les deux. Pour une dent toute la gueule".

Céder au chantage de la violence, n'est-ce pas l'encourager, et d'une certaine manière en être complice ? Oui mais, ne risque-t-on pas de se laisser entraîner dans l'escalade de la violence et y entraîner l'autre.

Qui répondra à ces questions ? Heureux les cons, ils n'ont pas de problème.

UNE BLAGUE BOUDDHIQUE
J'aimerais vous raconter une histoire à propos de Bouddha et de Mara. Un jour, le Bouddha était dans sa grotte, et Ananda l'assistant du Bouddha, se tenait près de la porte. Soudain, Ananda aperçut Mara qui approchait. Il fut très surpris. Cela ne lui plut pas et il souhaita que Mara se détournât de son chemin. Mais bien au contraire, Mara se dirigea droit sur lui et lui demanda d'annoncer sa visite au Bouddha.

Ananda dit ;

– "Pourquoi es-tu venu ici, ne te souviens-tu pas qu'il y a longtemps tu as été vaincu par le Bouddha sous l'arbre Bodhi ? N'as-tu pas honte de venir ici ? Va-t'en ! Le Bouddha ne te recevra pas. Tu es le Mal. Tu es son ennemi" En entendant cela, Mara se mit à rire :

– " Veux-tu dire que ton maître t'a affirmé qu'il avait des ennemis ? "

Cette question embarrassa Ananda. Il savait que le Bouddha ne lui avait jamais dit avoir d'ennemis. Gêné, Ananda se résigna à aller annoncer la visite de Mara, tout en espérant que celui-ci répondrait, "Dis-lui que je ne suis pas là. Dis que je suis parti à une réunion." Mais le Bouddha fut très enthousiaste d'entendre que Mara, ce vieil ami, était venu le voir. Il s'exclama ;

– "Est-ce vrai ? Est-il vraiment là ?", et il sortit en personne pour accueillir son visiteur. Ananda était complètement décontenancé. Le Bouddha vint à Mara, le salua et lui prit les mains très chaleureusement.

– " Bonjour ! Comment allez-vous ? Cela me fait très plaisir de vous voir ! "

Mara ne répondit pas. Le Bouddha le fit alors entrer dans la grotte et lui prépara un siège. Il demanda ensuite à Ananda de leur préparer du thé.

– "Je peux faire le thé pour mon maître cent fois par jour avec la plus grande joie, mais le préparer pour Mara me pèse vraiment" pensa Ananda. Mais telle était la volonté de son maître, il ne pouvait refuser. Il alla donc préparer le thé pour le Bouddha et son soi-disant ami, tout en tendant l'oreille pour suivre leur conversation.

Le Bouddha répéta très chaleureusement ;

– "Alors, racontez-moi Comment cela se passe-t-il pour vous ?" Mara lui répondit ;

– " Eh bien, cela ne va pas très fort. J'en ai marre d'être Mara. J'aimerais bien être quelqu'un d’autre". Ananda commençait à avoir peur. Mara continua :

– " Vous savez, être Mara n'est pas une mince affaire. Chaque fois que je parle, je dois le faire par énigmes. Quoi que je fasse, je dois ruser et paraître méchant. Je suis fatigué je de tout ce manège. Mais ce qui m'excède le plus, ce sont mes disciples. Ils parlent maintenant de justice sociale, de paix d'égalité, de libération, de non-dualité et de non-violence. J'en ai assez ! Je pense que je ferais mieux de vous les confier tous. J'ai envie de changer de vie."

Ananda se mit à trembler car il craignait que son maître ne proposât à Mara d'échanger les rôles ; Mara devenant le Bouddha, et Bouddha devenant Mara, ce qui le remplissait d'effroi. Le Bouddha avait écouté très attentivement et il était débordant de compassion. Finalement, il dit d'une voix douce :

– " Pensez-vous que ce soit amusant d'être un Bouddha ? Vous ne savez pas ce que mes disciples m'ont fait ! Ils m'ont attribué des paroles que je n'ai jamais prononcées. Ils ont construit des temples luxueux et voyant et y ont mis des statues me représentant sur les autels. Ainsi, ils attirent les offrandes de bananes, d'oranges et de gâteaux de riz, pour leur propre estomac ! Ils m'ont étiqueté, emballé et ils essaient de vendre mes enseignements. Mara, si vous saviez ce que c'est d'être un Bouddha, je suis sûr que vous ne voudriez pas en être un. " Et pour conclure, le Bouddha récita long poème résumant leur conversation.

Inutile de remarquer que l'on pourrait raconter la même blague en remplaçant le Bouddha par Jésus et Mara par Méphisto, elle resterait tout aussi valable...
 
 

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