LA MEDITATION
PratiquePréliminaires Asana   Méditation avec support  Sans support  Méditation active Notes


D'ABORD, UN PEU DE THEORIE

L'Ancien Testament nous enseigne que "Dieu créa l'homme à son image"(1) . De même les Écritures sacrées des différentes traditions, indienne en particulier, nous enseignent que notre véritable nature est d'essence divine : c'est le "Soi" (ou l'Atman qui n'est autre que l'éternel Brahman)pour l'Hindouiste, ou la Nature de Bouddha pour le Bouddhiste.

Ledit "Soi" est dit être "Sat Chitt Ananda" : Être, Conscience pure, Béatitude infinie.
Qu'est-ce qui nous empêche de goûter cette Béatitude infinie que donne la pure Conscience de notre Être qui n'est autre que l'Être divin ?
C'est la dualité, c'est à dire la prétention de considérer notre individualité, notre "petit moi" comme un tout distinct du reste de la Manifestation. Cela est à coup sûr source d'angoisse ou, comme le dit le Sage tibétain Chögyam Trungpa, de paranoïa

Cette dysharmonie a sa source dans cette pensée "je suis le corps", ou "je suis mon mental" qui inconsciemment dirige toutes nos actions, même celles que nous croyons être les plus louables. (4)
Un chemin conduit du petit "moi-Je" individuel au Soi (Nature divine, Nature de Bouddha, Atman, Tao, appelez le comme il vous plaira, c'est la même choses sous des appellation qui dépendent de la tradition à laquelle vous vous rattachez). Il nous permettra de constater que notre vraie nature n'est autre que le reflet de l'Être. Ce chemin qui nous conduira de la dualité à l'Unité s'appelle "Réalisation Spirituelle".

Il emprunte diverses voies convergentes :

Chacune de ces Voies comporte des techniques qui lui sont propre. Mais toutes ont recours à une certaine forme de Méditation.

Le second verset des Aphorismes de Patañanjali défini ainsi le Yoga :

"Yoga chitta vritti nirodhah" :

Le Yoga est l'art (ou la manière) de restreindre les tourbillons (vritti)de la "substance mentale" (chitta)

De même que les nuages ou la brume nous voilent le soleil, de même les tourbillons (vritti) du mental forment écran entre notre conscience et notre nature divine toujours présente.

Le but de toute ascèse de réalisation spirituelle est donc de parvenir d'une manière ou une autre à calmer l'océan du mental de manière à lui permettre de réfléchir le Soi dans toute sa luminosité.

Tout comme la surface agitée de la mer reflète le soleil en une infinité d'étincelles, de même c'est l'agitation du mental qui nous conduit à voir la multiplicité là où, en vérité il n'y a que l'Unité.

Avant de nous intéresser à la méditation proprement dite, afin de permettre de mieux en saisir les techniques, il ne semble pas inutile de rappeler quelle est, d'après les écritures de l'hindouisme, la constitution du "Composé humain" individuel.

Il est composé de cinq "kosha" que je traduirai, faute de mieux, par "degré de subtilité". On peut imaginer les kosha non pas comme des couches successives comme celles d'un ognon, mais plutôt comme, par exemple, dans une éponge imprégnée d'eau gazeuse la partie solide (l'éponge) le liquide (l'eau) et de gaz intimement unis.

Nous entrons maintenant dans le domaine de la matière, Manomayakosha étant, en quelque sorte, la frontière entre le matériel et le subtile.
Pour faire comprendre ce que c'est que la méditation, le plus simple est encore de montrer ce qu'elle n'est pas.
À cause de la pauvreté du vocabulaire des langues occidentales pour exprimer des notions du domaine spirituel nous nous voyons contraints d’utiliser ce mot pour traduire, fort improprement, le sanskrit "dhyâna"
Pour le commun des mortels français, méditer est synonyme de "cogiter". Ne dit-on pas : " méditer un mauvais coup " ? Quand un professeur dit à ses élèves : "je propose ce sujet à votre médiation" cela signifie simplement : "vous y réfléchirez sérieusement".

Pour qu'il y ait méditation, il faut que le mental soit parfaitement maîtrisé et pour cela il est nécessaire qu'il y ait retrait des organes des sens de leur objet.

À cause de la pauvreté du vocabulaire des langues occidentales pour exprimer des notions du domaine spirituel nous nous voyons contraints d’utiliser ce mot pour traduire, fort improprement, le sanskrit "dhyâna"

Pour le commun des mortels français, méditer est synonyme de "cogiter". Ne dit-on pas : " méditer un mauvais coup " ? Quand un professeur dit à ses élèves : "je propose ce sujet à votre médiation" cela signifie simplement : "vous y réfléchirez sérieusement".

Bien sûr, celui qui est absorbé par un sujet quelconque oublie l'existence de son corps, il ne s'apercevra pas de la présence d'une autre personne et même parfois, n'entendra pas qu'on lui adresse la parole. Dans une certaine mesure il pratique inconsciemment le retrait des sens de leur objet tant il est captivé par son sujet.
Captivé est bien le mot car, dans ce cas le mental est captif du sujet de sa réflexion. S'il est maîtrisé, c'est par un objet extérieur qui lui impose ses différents mouvements

.
C'est là toute la différence avec la méditation dans laquelle c'est la volonté, expression de Vijñanamayakosha qui s'impose au mental et le maîtrise.
"Le Sage restreint la parole dans la pensée (manas), la pensée dans le Soi de Connaissance (Budhi=>Vijñanamayakosha => jivatman) qu'il immerge dans le grand Soi (mahat) et ce dernier dans le Soi de Paix".
Kathopanishad
Cette citation fournit un raccourci saisissant de la démarche :

Oubli de l'existence du corps, retrait des sens de leur objet, maîtrise du mental par la volonté, sont les trois conditions pour qu'il y ait effectivement méditation, même s'il s'agit d'une méditation formelle.
Dans le cas d'une réflexion profonde sur un problème de mathématiques, par exemple, c'est ce dernier qui impose au mental le déroulement de l'action. Au fur et à mesure que la solution s'approche, le mental s'adapte au problème. Il y a dialogue entre le mental et le sujet.
Dans le cas de la rêverie, le mental, sans aucune maîtrise,  passe sans arrêt d'un sujet à un autre.

Dans la méditation formelle, c'est la volonté du méditant qui impose au mental la création d'images symboliques.

ET SI NOUS PASSIONS À LA PRATIQUE ?

Parce qu'elle peut affecter différentes modalités : création d'images mentales, répétition de mantra, développement de pensées positives, méditation informelle, etc., la méditation se rencontre sous une forme ou une autre dans pratiquement toutes les voies de Réalisation spirituelle.

Par exemple la "Petite Prière du Cœur " de l'hésychasme si bien décrite dans le livre "Récits d'un Pèlerin russe" est un magnifique exemple de méditation chrétienne.

Quantité de techniques ont été mises au point au cours des siècles par les Sages pour parvenir au résultat recherché.

On peut classer les techniques de méditation en deux grands groupes : Méditations "avec support" et méditations "sans support".

Je vais maintenant décrire quelques unes de ces techniques. Rien ne vous empêche d'en accompagner la lecture "en jouant le jeu" c'est à dire en essayant de mettre en pratique ce que vous lirez.

PRELIMINAIRES

Ces pratiques demandent souvent une mise en condition au moyen de préliminaires ayant pour but de créer autour du méditant "un cercle de protection" contre les influences psychiques néfastes, qu'il s'agisse de la remontée à la surface d'impressions enfouies dans le subconscient, cette poubelle aux complexes où se complaisent à fouiller les psychanalystes, ou bien encore d'entités psychiques errantes qui ne demandent qu'à trouver un support pour se manifester. (2)

Voici les préliminaires que j'utilise personnellement avant d'entamer le méditation proprement dite. Il ne m'ont été enseignés par aucun Maître. Je les ai déduits de la lecture des textes traditionnels sur le Yoga et des Soûtras bouddhistes. Les ayant décrit à un Lama, il les a approuvés ce qui me conforte dans leur usage.

Après avoir récité trois fois, en français et en sanskrit le triple refuge :

Je prend refuge dans le Bouddha
Je prend refuge dans le Dharma
Je prend refuge dans le Sangha.

Buddham saranam gacchami
Dharmam saranam gacchami
Sangham saranam gacchami

En me prosternant à chaque fois devant l'image du Bouddha, je m'assieds en posture de méditation (demi lotus "ardhapadmâsana") colonne vertébrale bien droite, les mains réunies dans le "mûdra" de la connaissance (main gauche sur main droite, pouces joints, placées dans le giron) j'accomplis quelques respirations de purification.

Je prends alors, mentalement, la résolution de m'efforcer de ne pas nuire aux êtres sensibles (humains et animaux). Puis, me tournant mentalement vers les quatre orients, le zénith et le nadir, j'exprime le vœu de bonheur aux six classes d'êtres (3) qui y demeurent. Cela fait je puis me livrer en toute quiétude à la méditation proprement dite.

Celle là terminée , selon les enseignements bouddhistes, j'en dédicacerai les fruits aux six classes d'êtres puis réciterai de nouveau le Triple Refuge.

Début
ASANA (La Posture)

Je vais m'asseoir dans une position confortable dans laquelle je pourrai rester confortablement immobile un bon moment. La colonne vertébrale bien droite, assis dur un siège bas pour que les pieds reposent par terre bien à plat par exemple si je suis incapable d'utiliser les postures du Yoga (Lotus : Padmasana ou demi lotus ardhapadamasanaou bien encore la porture "parfaite" siddhasana). Ces postures seraient préférables car les jambes croisées présentent trois avantages:

La bouche est close , la langue relaxée, en contact avec le palais. Les yeux sont mi-clos le regard peut être tourné vers la pointe du nez (dans une méditation du type "yoga") ou bien posé sur un petit objet placé à environ un mètre cinquante dans la méditation bouddhique.
Début
MEDITATION AVEC SUPPORT (La Rose)

Confortablement installé dans la posture, je vais commencer par pacifier la respiration en lui imposant un rythme de plus en plus lent et régulier jusqu'à devenir presque imperceptible.

Ces condition physique étant atteintes, vient la création de l'image mentale.
Je vais m'efforcer de créer l'image d'un bouton de rose sur lequel scintillent des gouttes de rosée.
Vient alors Dharana (5) la concentration. Aussi longtemps que je le pourrai, je concentrerai mon mental sur cette image.

Après m'être suffisamment concentré sur le bouton de rose je vais commander au mental de le faire s'épanouir, lentement, lentement.

Je m'émerveillerai alors de la Vie, expression du Divin qui permet à la rose de s'épanouir. N'est-ce pas un grand Mystique chrétien qui a dit : "C'est par l'émerveillement que commence la sagesse".  Je sentirai palpiter cette vie dans la rose, je m'identifierai à elle en supprimant toute dualité entre la rose, la Vie et moi.

La rose est maintenant dans mon cœur avec la vie, je suis elle, elle est moi.
De tout mon être je remmercie le créateur de cette vie…

On pourrai imposer à cette méditation divers développements, mais je pense en avoir suffisamment dit pour en donner une idée.

Début
MEDITATION SANS SUPPORT

Cette seconde classe de méditation, de loin la moins remplie, utilise, en fait des supports beaucoup plus subtiles ; depuis l'attention constante à la posture et la respiration de Zazen dans le bouddhisme Zen,  jusqu'à la simple attention au fait d'être attentif.  Il semblerai que c'était une technique de méditation utilisée par les Taoïstes du temps de Lao Tseu.

Une autre technique est celle nommée "Serpe tantrique" : il s'agit de se tenir à l'affût des pensées qui voudraient surgir dans le mental, comme un chat qui guette une souris à la sortie de son trou et lance sa griffe dès que celle-ci tente de sortir. Dès qu'une pensée se présente, avant même qu'elle n'ait le temps de prendre une forme verbale, clac, on la cisaille à la racine. Essayez, vous verrez que ce n'est pas facile du tout.

Début
UNE MEDITATION "ACTIVE" : LA BALLADE LIBERATRICE (*)

Pour méditer il n'est pas forcément nécessaire de s'asseoir "en se croisant les bras avec les pattes de derrière". Cela peut tout aussi bien se faire en marchant, dans la campagne, dans un bois ou un parc, l'important c'est que ce soit un lieu calme.

Il faut d'abord prendre bien conscience de la marche en décomposant : le pied qui se pose sur le sol et qui se "déroule", pression sur le talon puis progressivement vers les orteils.
C'est ensuite du mouvement de la jambe que l'on doit prendre conscience, le jeu des muscles du mollet et de ceux de la cuisse, des articulations, celle du genou comme celle de la hanche.

Laissons maintenant les jambes fonctionner toutes seules pour nous intéresser à la colonne vertébrale que l'on prend soin de redresser, si nécessaire vertèbre après vertèbre.

Après nous prenons conscience de tous les muscles du corps en décontractant soigneusement ceux qui n'interviennent pas dans la marche. Pour ce faire on peut s'aider de la respiration. Inspiration lente et profonde, mais sans forcer puis, en expirant lentement demander gentiment au muscle vers lequel on a porté son attention de bien vouloir se détendre: les épaules, les bras qui pendent le long du corps, le cou, sans oublier le creux de la gorge, le visage, etc.

Pour le visage, il est bon de commencer par la pointe du menton puis on fait évoluer la sensation de détente symétriquement de chaque côté des maxillaires puis se refermer, toujours symétriquement, au niveau du front. On décontracte les paupières, on prend conscience de la forme sphérique des yeux ainsi que des muscles qui, derrière chaque globe oculaire font mouvoir les yeux, on les décontracte. Puis c'est le tour des joues, des lèvres - qui esquissent un léger sourire - puis de la langue de se relâcher.

Le corps étant maintenant aussi relaxé que le permet la marche, qui continue à s'opérer mécaniquement, on observe le va et vient automatique et régulier du souffle, sans intervenir tout comme on le ferait de la respiration paisible d'un bébé endormi.

 La phase suivante de l'exercice va consister à prêter une attention aussi grande et soutenue que possible mais tout à fait neutre aux diverses sensations.
 


Quel que soit celui de nos sens qui entre en jeu, il faut toujours imposer à son mental de ne pas intervenir.

Ce qu'il faut tenter d'atteindre, c'est une attention parfaite: essayer de saisir les choses comme elle sont dans leur entière "chosité", sans se sentir concerné par ce qu'elles sont. Le ciel est bleu, bien il est bleu, c'est tout, je ne l'intéresse pas et sa couleur ne me concerne pas.

Cet exercice peut se prolonger aussi longtemps que l'on est capable de maîtriser son mental sans commenter, sans se laisser aller à la rêverie. Car il est futé, le mentait Ah! tu ne vaux pas que je commente, bien, je fiche le camps dans la rêverie. Dans la méditation assise ce serait plutôt dans le sommeil qu'il aurait tendance à s'évader.

Outre une grande sensation de calme et de paix, cet exercice procure parfois une vision que j'appellerai "photographique". Expliquons-nous : lorsqu'on regarde un sujet, paysage ou autre, en fait l'œil explore l'image un peu comme le spot lumineux explore celle d'un écran de télévision, d'une manière sans doute un peu moins systématique, s'attardant sur les détails qui subjuguent notre attention et en "sautant" d'autres qui ne lui plaisent pas. Dans tous les cas on a rarement une vision simultanée de l'ensemble du sujet.

Après un certain temps de "Ballade Libératrice" on constate que l'on voit le paysage dans son entier sans l'explorer du regard, un peu comme la surface sensible d'un appareil photographique enregistre simultanément tous les détails de l'image que lui transmet l'objectif sans un privilégier aucun.(6)
Voila un agréable moyen d'associer la promenade à une sorte de méditation que dans le Bouddhisme du "Petit Véhicule" on appelle "Satipatthana"

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Notes