LIVRE SECOND

RETOUR à COSMOS RETOUR à VIOLA TRICOLOR

 

II. De la Figure. III. Si le Monde est animé. IV. Si le Monde est incorruptible. VDont se nourrit le Monde. VI. A quel Elément commença Dieu à fabriquer le Monde. VII De l'ordre de la fabrique du Monde VIII. Pour quelle cause est le Monde penchant IX. A savoir si hors du monde il y a du vide   X. Quelle est le partie droite, & quelle est la partie... XI Du ciel, & quelle est sa substance XII. De la division du Ciel... XIII. Quelle est la substance des Etoiles... XIV. De la figure des astres XV. De l'ordre & situation des astres XVI. Du mouvement des astres XVII. D'où sont les étoiles enluminées XVIII. Des étoiles qu'on appelle Castor & Polux XIX. De la signifiance des étoiles... XX. De la substance du Soleil XXI. De la grandeur du Soleil. XXII. De la forme du Soleil XXIII. Des Solstices. XXIV. De l'Eclipse du Soleil XXV & XXVI. De la substance de la Lune, XXVII. De la forme de la Lune XXVIII. Des illuminations de la Lune XXIX. De l'Eclipse de la Lune XXX. De l'apparence de la Lune XXXI. De la distance qu'il y a entre le Soleil & la Lune. XXXII. Des années, & combien contient la grande année...

NOTES

 

Ayant donc achevé de traiter des Eléments, Principes, & autres

matières semblables, je passerai outre maintenant à discourir des

effets qui en sont composés.
 
 

CHAPITRE I. Du Monde.
 
 

Monde ainsi appelé, à cause de son ordre; n'y en a qu'un, & les

contraires avis sur ce point.
 
 

Pythagore a été le premier qui a appelé le contenu de l'univers,

Monde, pour l'ordre qui est en icelui. Tha [275] lès & ses

disciples ont tenu, qu'il n'y a qu'un monde. Démocrite, Epicure,

& leur disciple Métrodore, qu'il y a infinis mondes en un infini

espace, selon toutes dimensions. Empédocle, que le cours du

Soleil est la circonscription des bornes & termes du monde, & que

cela est son confinement. Seleucus a tenu, que le monde est

infini: Diogène, que l'univers est bien infini, mais que le monde

est bien terminé & fini. Les Stoïques disent qu'il y a différence

entre le tout & l'univers, pource que tout est l'infini avec le

vide: & le tout sans le vide, le monde: tellement que ce n'est pas

encore tout un, que le tout & le monde.
 
 

CHAPITRE II. De la Figure.
 
 

Le monde est rond.
 
 

Les Stoïques tiennent que le monde est rond: les autres pointu en

pyramide, les autres en forme d'¦uf: Epicure, qu'il y en peut

avoir de ronds, & d'autres d'autre forme.
 
 

CHAPITRE III. Si le Monde est animé.
 
 

Le monde n'est animé, selon Aristote, réfutant tous les autres:

mais, au contraire de l'opinion d'Aristote, le monde est gouverné

par la providence.
 
 

Tous les autres tiennent qu'il est animé, & gouverné par la

providence: Démocrite, Epicure, & généralement tous ceux qui ont

mis en avant les Atomes, & le vide, qu'il n'est ni animé ni

gouverné par la providence, ains par quelque nature non capable de

raison. Aristote, qu'il n'est ni animé tout, & en toutes ses

parties, ni sensible, ni raisonnable, ni intellectuel, spirituel,

ou gouverné par la providence: bien sont tous les corps célestes

capables de toutes ces qualités-là, pource que les sphères des

cieux sont animées & vivantes, mais que les corps terrestres n'ont

aucune de toutes ces qualités-là, & que l'ordre qui est entre eux,

y est par accident, non par raison propensée.
 
 

CHAPITREIV. Si le Monde est incorruptible.
 
 

Mélange d'opinion provenant de l'ignorance de la création du

monde, du péché de l'homme, de la fin du monde, & du jugement

dernier.
 
 

Pythagore & Platon, que le monde a été engendré de Dieu, & qu'il

est incorruptible quant à sa nature, dautant qu'il est sensible,

comme étant corporel, mais toutefois qu'il ne périra ni ne se

corrompra point, pour la providence divine qui le conserve &

contient: Epicure, qu'il est périssable, dautant qu'il est

engendré ni plus ni moins qu'un animal ou une plante: Xénophane,

que le monde est éternel [276] & incorruptible, non fait par

création: Aristote, que la partie du monde qui est au dessous de

la Lune, est toute passible, & que les corps voisins de la terre

sont sujets à corruption.
 
 

CHAPITRE V. Dont se nourrit le Monde.
 
 

Autres opinions extravagantes tirée de fausses présuppositions.
 
 

Aristote, que si le monde se nourrit, il se corrompra. Or est- il

qu'il n'a besoin de nulle nourriture: par conséquent donc aussi

est-il éternel. Platon, que le monde se baille à soi-même

nourriture de ce qui se corrompt, par mutation: Philolaos, qu'il y

a double corruption, quelquefois par le feu tombant du ciel, &

quelque fois par l'eau de la Lune, qui se répand par subversion de

l'air.
 
 

CHAPITRE VI. A quel Elément commença Dieu à fabriquer le Monde.
 
 

Pour la résolution de cette question & de la plupart des préceptes

& suivantes, voyez Moïse en décrit au premier chapitre du livre

appelé Genèse.
 
 

Les Naturalistes tiennent que la création du monde commença à la

terre, comme étant le centre d'icelui, dautant que le commencement

d'une sphère, c'est le centre: Pythagore, au feu, & au cinquième

Elément: Empédocle, que le premier qui fut séparé fut la

quinte-essence, le second fut le feu, après lequel la terre, de

laquelle étant un peu étroitement serrée, par l'impétuosité de sa

révolution, sourdit l'eau, laquelle s'évapora en air: & que le

ciel fut fait de la quinte-essence, le Soleil du feu: & que des

autres Eléments furent constipés & composés les corps terrestres,

& voisins de la terre. Platon, que ce monde visible a été formé

au moule & patron de l'intellectuel, & que du monde visible, l'âme

a été faite la première, & après elle ce qui est corpulent: ce qui

est du feu & de la terre, le premier, & ce qui est de l'eau & de

l'air, le second. Pythagore, que des cinq figures des corps

solides, lesquels s'appellent aussi Mathématiques, du Cube, qui

est le corps carré à six faces, avait été faite la terre: de la

Pyramide, le feu: du corps à huit faces, qui est l'Octaèdre,

l'air: de l'Isocaèdre, qui est le corps à vingt faces, l'eau: & du

Dodécaèdre, qui est le corps à douze faces, la suprême sphère de

l'univers. Platon même en cette opinion suit Pythagore. [277]
 
 

CHAPITRE VII. De l'ordre de la fabrique du Monde.
 
 

Voyez le premier chapitre du Genèse. Diverses opinions de

Leucippe, Démocrite, & Epicure. De Platon. D'Aristote.

D'Empédocle.
 
 

Parménide disait, que c'était comme des couronnes entrelacées

l'une dedans l'autre, l'une de substance rare, l'autre épaissie,

mêlées l'une & l'autre de lumière & de ténèbres entre elles, & que

ce qui les contenait ensemble toutes, était ferme comme un mur.

Leucippe & Démocrite enveloppent le monde d'une tunique ou

membrane. Epicure tenait que de quelques mondes les extrémités

étaient rares, & de quelques autres épaisses, & que d'iceux aucuns

étaient mobiles, autres immobiles. Platon met le feu premier,

puis le ciel, après l'air, & puis l'eau, & la dernière la terre,

mais aucunefois il conjoint le ciel avec le feu: Aristote en

premier lieu le ciel impassible, qui est le cinquième corps, après

lequel les Eléments passibles, le feu, l'air, l'eau & la terre la

dernière, desquels il attribue le mouvement circulaire au corps

célestes, & des autres qui sont au dessous, aux légers le

mouvements contre-mont: aux pesants, le mouvement contre-bas.

Empédocle ne pense pas que les lieux des Eléments soient toujours

arrêtés & certains, mais qu'ils le changent tous entr'eux.
 
 

CHAPITRE VIII. Pour quelle cause est le Monde penchant.
 
 

Quelle résolution peuvent donner ceux qui sont si peu résolus, &

qui disputent, si subtilement sans preuves ni raisons.
 
 

Diogène & Anaxagore, après que le monde fut composé, & les animaux

sortis & produits de la terre, que le monde se pencha ne sait

comment de lui-même, en la partie devers le Midi, à l'aventure par

la divine providence, afin qu'il y eut aucunes des parties du

monde habitables, autres inhabitables, par froid excessif, par

embrasement, & par température: Empédocle, que l'air cédant à la

violence du Soleil, les pôles penchèrent, & que celui du côté de

la bise se leva contre-mont, celui devers le Midi s'abaissa, & par

conséquent tout le monde.
 
 

CHAPITRE IX. A savoir si hors du monde il y a du vide.
 
 

LES PYTHAGORIQUES & ARISTOTE.
 
 

Les disciples de Pythagore tiennent qu'il y a du vide hors le

monde, dedans lequel & duquel le monde re [278] spire: mais les

Stoïques, auquel par embrasement se resout l'infini. Posidonius

ne le met pas infini, mais autant comme il suffit à la

dissolution. Au premier livre du vide Aristote disait qu'il y

avait du vide: Platon qu'il n'y avait rien de vide, ni dedans le

monde, ni au dehors.
 
 

CHAPITRE X. Quelle est le partie droite, & quelle est la partie gauche du monde

 
 

Orient & le tropique d'été est la droite partie.
 
 

Pythagore, Platon, Aristote, que l'Orient est la droite partie, &

l'Occident la gauche: Empédocle, que la partie droite est vers le

Tropique de l'été, la gauche devers le Tropique de l'hiver.
 
 

CHAPITRE XI. Du ciel, & quelle est sa substance.
 
 

Aristote condamne l'opinion d'Anaximène, approche de celle

d'Empédocle.
 
 

Anaximène tient, que la circonférence extérieure du ciel est de

terre: Empédocle, qu'il est solide, le ciel étant de l'air congelé

par le feu, ni plus ni moins que le cristal, & qu'il contient ce

qu'il y a de feu & d'air en l'un & en l'autre hémisphère: Aristote

qu'il est composé du cinquième corps, ou d'un mélange de chaud &

de froid.
 
 

CHAPITRE XII. De la division du Ciel, & en combien de cercles il se divise.
 
 

Cinq ceintures ou bandes & à travers celle du Zodiaque, entre-

taillées à angles droits par le Meridien, qui passe du pôle

Arctique à l'Antarctique.
 
 

Thalès, Pythagore, & ses sectateurs, que toute la boule du ciel

est départie en cinq cercles, qu'on appelle Zodiaque ou ceintures,

& d'iceux l'un s'appelle Arctique, & toujours apparent, l'autre

Tropique d'été, l'autre Equinoctial, l'autre Tropique d'hiver,

l'autre Antarctique, & toujours caché, & puis un oblique en

travers les trois du milieu, qui s'appelle Zodiaque, touchant en

passant tous les trois, lesquels sont tous entre-taillés à angles

droits par le Méridien, qui passe d'un pôle à l'autre. Pythagore,

à ce qu'on dit, fut le premier, qui s'avisa de l'obliquité du

Zodiaque, laquelle invention néanmoins Ocnipe natif de Chio

s'attribue, comme en était auteur.
 
 

CHAPITRE XIII. Quelle est la substance des Etoiles, & comment

elles sont composées ;[279]
 
 

Etranges opinions de Thalès, d'Empédocle, d'Anaxagore, de Diogène.

D'Empédocle, de Platon. De Xénophane. Des Pythagoriens.

D'Epicure.
 
 

Thalès tient qu'elles sont terrestres, mais enflammées néanmoins:

Empédocle, qu'elles sont enflammées, & de feu, que le ciel

contenait en soi à la première excrétion: Anaxagore, que le ciel

qui nous environne est bien de nature de feu, quant à son essence,

mais que par la véhémence de sa révolution ravissant des pierres

de la terre, & les ayant allumées, elles devinrent astres.

Diogène estime que elles soient de la nature de la pierre ponce, &

que ce soient les soupiraux du monde: & derechef lui-même, que ce

soient pierres non apparentes, lesquelles tombantes bien souvent

en terre, s'éteignent comme il advint au lieu appelé, Les fleuves

de la chèvre, où il tomba jadis un astre de pierre en forme de

feu. Empédocle, que les étoiles fixes sont attachées au cristal

du ciel, mais que les Planètes sont détachées: Platon, que pour la

plus part elles sont de feu, mais néanmoins qu'elles participent

encore des autres Eléments, comme de la colle: Xénophane, que ce

sont des nuées enflammées, mais qui s'éteignent par chacun jour, &

puis la nuit elles se r'allument comme les charbons, & que leur

lever & leur coucher est un allumer & éteindre: Héraclide & les

Pythagoriens, que chacun des astres est un monde contenant une

terre & un air & un ciel en une nature éthérée, infinie: & ces

opinions-là sont és vers Orphiques, où de chacun astre ils font un

monde. Epicure ne réprouve rien de tout cela, se tenant à son, il

peut être.
 
 

CHAPITRE XIV. De la figure des astres.
 
 

Astres sont sphériques, comme le monde, le Soleil, & la Lune,

Anaximène ajoutant qu'ils sont fichés au ciel.
 
 

Les Stoïques tiennent que les astres sont sphériques, ni plus ni

moins que le monde, le Soleil & la Lune: Cléanthe, qu'il sont de

forme de pyramide. Anaximène, qu'ils sont fichés, comme têtes de

clou au cristal du ciel. Autres tiennent que ce sont comme lames

enflambées, comme des peintures.
 
 

CHAPITRE XV. De l'ordre & situation des astres.
 
 

Platon distingue les cieux plus exactement que les autres

Philosophes.
 
 

Xénocrate estime qu'ils se meuvent sur une même superficie, mais

les autres Stoïques, qu'il y en a les uns devant, les autres en

bas & haut. Démocrite met les étoiles fixes les premières, & puis

après les planètes & errantes, après lesquelles il met le Soleil,

la Lune, & Lucifer, Venus. Platon après la situation des étoiles

fixes met en premier lieu celle [280] qui s'appelle Phénon, qui

est l'étoile de Saturne: la seconde de Phaëton, qui est celle de

Jupiter: le tierce Pyroïs, c'est-à- dire, enflambée, qui est celle

de Mars: la quatrième Phosphorus, qui est celle de Venus: la

cinquième Stilbon, celle de Mercure: la sixième, le Soleil: la

septième, la Lune: & au dessous d'icelle, les étoiles fixes &

errantes.
 
 

CHAPITRE XVI. Du mouvement des astres.
 
 

Voyez les discours des Astronomes anciens & modernes sur cette

dispute & autres précédantes & suivantes.
 
 

Anaxagore, Démocrite, Cléanthe, tiennent que tous les astres vont

de l'Orient en Occident, Alcméon & les Mathématiciens disent que

les Planètes se meuvent à l'opposite des étoiles fixes, de

l'Occident en Orient: Anaximandre, qu'ils sont portés par les

sphères & cercles, sur lesquels ils sont attachés: Anaximène,

qu'elles se meuvent aussi bien vers la terre, comme à l'entour de

la terre: Platon & les Mathématiciens, que le cours du Soleil, de

Vénus, & de Mercure, sont égaux.
 
 

CHAPITRE XVII. D'où sont les étoiles enluminées.
 
 

Voyez comme dessus.
 
 

Métrodore, que toutes les étoiles fixes sont illuminées du Soleil:

Héraclite & les Stoïques, que les étoiles se nourrissent des

exhalaisons montants de la terre: Aristote, que les corps célestes

n'ont point besoin de nourriture, pource qu'ils ne sont pas

corruptibles, mais éternels: Platon & les Stoïques, que tout le

monde & les étoiles, semblablement se nourrissent d'eux-mêmes.
 
 

CHAPITRE XVIII. Des étoiles qu'on appelle Castor & Polux, & aujourd'hui feu saint Herme.
 
 

La résolution de cette question est traitée par ceux qui ont écrit

des Météores.
 
 

Xénophane, que les étoiles qui apparaissent quelquefois sur les

navires, sont de subtiles nuées, qui selon un certain mouvement

reluisent: Métrodore, que ce sont étincelles sortant des yeux de

ceux qui les regardent avec crainte & étonnement.
 
 

CHAPITRE XIX. De la signifiance des étoiles, & comment se font

l'hiver & l'été;. [281]
 
 

L'hiver & l'été amenés par le Soleil, la Lune & les étoiles.
 
 

Platon dit, que les signifiances de l'été & de l'hiver procèdent

du lever & du coucher du Soleil & de la Lune, & des autres

étoiles, tant fixes comme errantes: Anaximène, que cela n'advient

point par la Lune, mais par le Soleil seul: Eudoxe & Aratus, que

c'est communément par toutes les étoiles, & dit en ces vers,
 
 

Dieu a fiché les astres radieux,
 
 

Signes certains en la voûte des cieux,
 
 

Les départant tout au long de l'année,
 
 

Pour nous montrer comment elle est gouvernée.
 
 

CHAPITRE XX. De la substance du Soleil.
 
 

Le Soleil défini par Platon être un corps de beaucoup de feu.

Simple définition entre celles que contient ce chapitre, pour la

ferme résolution duquel lisez les écrits des anciens & modernes

Astronomes.
 
 

Anaximandre, que c'est un cercle vingt & huit fois aussi grand

comme la terre, ayant le tour semblable à celui d'une roue de

chariot plein de feu, auquel en certain endroit il y a une bouche,

par laquelle il montre son feu, comme par le trou d'une flûte.

Xénophane, que c'est amas de petits feux, qui s'assemblent des

humides exhalaisons, qui tous ensemble font le corps du Soleil, ou

bien que c'est une nuée enflambée. Les Stoïques, que c'est un

corps enflambé, procédant de la mer: Platon, un corps de beaucoup

de feu. Anaxagore, Démocrite, Métrodore, que c'est une masse, ou

une pierre enflambée: Aristote, que c'est une boule du cinquième

corps: Philolaos Pythagorien, que c'est une manière de verre,

recevant la réverbération du feu, qui est en tout le monde: & en

transmet la lumière à nous comme à travers un tamis, tellement que

ce qui est au ciel allumé, ressemble au Soleil, & puis ce qui

procède de lui, en forme de miroir, & tiercement la splendeur qui

par réflexion de ce miroir se répand sur nous , car nous appelons

cette splendeur-là, le Soleil, étant comme étant l'image de

l'image. Empédocle, qu'il y a deux soleils, le premier le feu

original, qui est en l'autre demie boule du monde, & remplit cette

autre demie boule- ci, étant toujours située vis-à-vis de sa

resplendissante lueur par réflexion, & puis sa splendeur qui nous

apparaît en l'autre demie boule, remplie d'air mêlée de chaleur,

laquelle splendeur se fait par réfraction de la terre ronde dedans

ce Soleil qui est de nature de cristal, & qui est entrainé par le

mouvement de celui de feu. Et pour dire plus clairement en peu de

paroles, c'est-à- dire, le Soleil n'est autre [282] chose que la

réflexion de la lueur du feu, qui est en la terre. Epicure, que

c'est une épaisseur terrestre, percée à jour comme une pierre

ponce, & allumée de feu.
 
 

CHAPITRE XXI. De la grandeur du Soleil.
 
 

Les Astronomes modernes prouvent qu'il est 166. fois plus grand

que la terre.
 
 

Anaximandre, que le Soleil est égal à la terre, mais que le cercle

sur lequel il a sa respiration & sur lequel il est porté, est

vingt & sept fois aussi grand que toute la terre. Anaxagore,

qu'il est plusieurs fois aussi grand que tout le Péloponnèse:

Héraclite qu'il est large comme le pied d'un homme. Epicure

derechef dit que tout ce qui est dit, peut être, ou qu'il est

aussi grand comme il nous apparaît à la vue, ou peu plus grand, ou

peu plus petit.
 
 

CHAPITRE XXII. De la forme du Soleil.
 
 

Le Soleil de forme ronde;
 
 

Anaximène, qu'il est plat comme une lame: Héraclite, qu'il est de

la forme d'une nacelle, ainsi boussu par dessous. Les Stoïques,

qu'il est rond comme le monde & les étoiles. Epicure, que tout ce

qui est dit, peut être.
 
 

CHAPITRE XXIII. Des Solstices.
 
 

Le Solstice, dit Aristote, se fait à cause de l'obliquité du

Zodiaque, par lequel le Soleil chemine en biaisant, & pour la

circonstance des deux tropiques.
 
 

Anaximène, que les astres sont repoussés par l'air épaissi

résistant: Anaxagore, par repoussement de l'air qui est à l'entour

des Pôles, que le Soleil même poussant rend plus fort par

l'épaississement: Empédocle, que la Sphère qui le contient

l'empêche de passer outre, & semblablement aussi les deux cercles

Tropiques. Diogène tient que le froid s'opposant à la chaleur, le

Soleil s'éteind: les Stoïques, que le Soleil passe à travers

l'espace de sa pâture, qui est au- dessous de lui, qui est la mer

Océane, & la terre, des vapeurs & exhalaisons desquellles il se

nourrit: Platon, Pythagore, Aristote, que c'est à cause de

l'obliquité du cercle Zodiaque, par lequel il chemine en biaisant,

& pour la circonstance des deux cercles Tropiques, dont il est

environnés, ce que même la sphère montre évidemment.
 
 

CHAPITRE XXIV. De l'Eclipse du Soleil.
 
 

La doctrine de la sphère éclaircie par les Astronomes de notre

temps, approuve & explique l'opinion de Thalès.
 
 

Thalès a dit le premier, que le Soleil éclipse & défaut quand la

Lune se met au dessous droitement à plomb, dautant qu'elle est de

sa nature terrestre, ce qui se voit claire [283] ment comme en un

miroir, dedans un bassin. Anaximandre dit que c'est quand la

bouche par où sort la chaleur du feu est close: Héraclite, quand

le corps du Soleil, qui est en forme de nacelle, se tourne dessus

dessous, de manière que la partie courbe soit contre-mont, & la

bossue contre-bas devers notre vue. Xénophane, que cela se fait

par extinction, & puis qu'il retourne derechef à sa première

clarté le lendemain à son lever: & si écrit davantage, qu'il y a

tellement éclipse du Soleil qui dure tout un mois, & aussi une

éclipse toute entière, de sorte qu'il semble que le jour devienne

nuit. Aucuns tiennent que cela se fait par un épaississement de

nuées, qui surviennent à l'imprévu au devant de la plaque du

Soleil. Aristarque met le Soleil entre les étoiles fixes, & dit

que c'est la terre qui se tourne à l'entour du Soleil, & que selon

les inclinations, elle vient à l'obscurcir de son ombre.

Xénophane tient qu'il y a plusieurs Soleil, & plusieurs Lunes,

selon la diversité des Climats de la terre, & à quelque révolution

de temps le rond du Soleil vient à donner en quelque appartement

de la terre qui n'est pas habituée, & que ainsi marchant comme par

un pays vide, il vient à souffrir l'éclipse: le même dit, que le

Soleil va tout droit à l'infini, mais que par la longueur de la

distance il nous semble qu'il tourne.
 
 

CHAPITRE XXV & XXVI. De la substance de la Lune, & de la grandeur

d'icelle.
 
 

La Lune est un corps partie opaque, partie transparent humide &

moyennement chaud à cause de la Lumière du Soleil, dont il

emprunte la sienne, & est beaucoup moindre que la terre.
 
 

Anaximandre dit que c'est un cercle dixneuf fois aussi grand que

toute la terre, tout plein de feu, comme celui du Soleil, &

qu'elle éclipse quand la roue se tourne, pource qu'il dit que ce

cercle ressemble à une roue de chariot qui a la curvature de son

tour creuse & pleine de feu: mais qu'il y a comme un soupirail par

où ce feu s'exhale. Xénophane dit, que c'est une nuée épaisse &

serrée: les Stoïques, qu'elle est mêlée de feu & d'air: Platon que

elle tient plus du feu: Anaxagore, Démocrite, que c'est une

fermeté allumée, où il y a des campagnes, des montagnes & des

vallées: Héraclite, que c'est une terre environnée de brouillards:

Pythagore, que le corps de la Lune tire sur la nature du feu;
 
 

CHAPITRE XXVII. De la forme de la Lune.
 
 

De forme ronde
 
 

Les Stoïques la prononcent plus grande que toute la terre, & le

Soleil de même: Parménide, qu'elle est égale [284] au Soleil, &

qu'elle est enluminée par lui: les Stoïques, qu'elle est ronde

comme une boule, ainsi que le Soleil: Empédocle, qu'elle est de la

forme d'un bassin: Héraclite, de la forme d'une nacelle: les

autres, de la forme d'une pyramide ronde.
 
 

CHAPITRE XXVIII. Des illuminations de la Lune.
 
 

Encore que ce corps ait lumière propre, toutefois pource qu'il

serait trop petit & obscur pour la charge qu'il a d'éclairer la

nuit, il en emprunte du Soleil.
 
 

Anaximandre tient qu'elle a une lumière propre, mais un peu plus

rare: Antiphon, qu'elle lui de sa propre lumière: & ce qu'elle se

cache quelquefois procède de l'opposition du Soleil, quand un plus

grand feu vient à obscurcir un moindre feu, ce qui même advient

aux autres étoiles. Thalès & ses sectateurs, que c'est tout de

même de la Lune comme du Soleil, pource que tous deux étant de la

forme & figure d'une nacelle, & que recevant des humides

exhalaisons, ils sont illuminés à notre vue, le Soleil plus

clairement, dautant qu'il chemine par un air plus pur & plus

clair, & la Lune en un plus trouble, & pour cette occasion elle

semble plus obscure.
 
 

CHAPITRE XXIX. De l'Eclipse de la Lune.
 
 

L'Eclipse lunaire est une défaillance de la Lumière que la Lune

emprunte du Soleil, par l'ombre de la terre entre le Soleil & la

Lune, lors qu'ils sont diamétralement opposés.
 
 

Anaximène dit que c'est quand la bouche par où feu sort est

estoupée (8): Berosus, que c'est quand la face qui n'est point

allumée se tourne devers nous: Héraclite, que c'est quand la bosse

de la nacelle nous regarde & se tourne devers nous: aucuns des

Pythagoriens, que c'est une réverbération ou obstruction de notre

terre, ou bien d'une autre opposite. Mais les plus modernes

tiennent, que c'est par augmentation de la Lune qui se va allumant

peu à peu règlement jusques à ce qu'elle face la pleine Lune, &

derechef se tourne, diminuant en même proportion, jusques à la

conjonction à laquelle elle s'éteind entièrement. Platon,

Aristote, les Stoïques, les Mathématiciens tout d'un accord disent

que ce que tous les mois elle s'absconse, est parce qu'elle se

vient joindre au Soleil, de la lumière duquel elle est toute

offusquée, mais que les Eclipses se font quand elle vient à donner

dedans l'ombre de la terre, qui se trouve directement entre ces

deux grands luminaires, ou plutôt parce que la lune est toute

bouchée. [285]
 
 

CHAPITRE XXX. De l'apparence de la Lune, & pourquoi il semble

qu'elle apparaît terrestre.
 
 

Opinions diverses réfutées par les Astronomes anciens & modernes.
 
 

Les Pythagoriens tiennent qu'elle apparaît terrestre pour autant

qu'elle est tout à l'entour habitée, ni plus ni moins que la terre

où nous sommes, est peuplée de plus grands animaux, & de plus

belles plantes, parce que les animaux y sont quinze fois plus

forts que ceux de ce monde: qui ne rendent aucuns excréments, &

que la nuit y est en même proportion de longueur. Anaxagore dit,

que l'inégalité qui apparaît en sa face, procède de ce qu'il y a

du froid & du terrestre mêlé parmi, pour autant qu'il y a de la

ténébrosité mêlée parmi la nature de feu: d'où vient qu'on

l'appelle Astre de fausse lumière. Les Stoïques tiennent que pour

la diversité de la substance la composition de son corps n'est pas

incorruptible.
 
 

CHAPITRE XXXI. De la distance qu'il y a entre le Soleil & la Lune.
 
 

Voyez pour la réfutation de ce point & de toutes les autres

disputes, & calculs des Astronomes.
 
 

Empédocle tient qu'il y a deux fois autant depuis la Lune jusques

au Soleil, comme depuis la terre jusques à la Lune: les

Mathématiciens disent qu'il y a dixhuit fois autant: Eratosthène,

qu'il y a depuis la terre jusques au Soleil sept cents quatre

vingts mille stades.
 
 

CHAPITRE XXXII. Des années, & combien contient la grande année de

chacune des Planètes.
 
 

En combien de temps chaque planète fait son cours, & de la

révolution du grand an.
 
 

L'an de Saturne est de trente ans communs: de Jupiter de douze: de

Mars, de deux: du Soleil, de douze mois: & autant de Mercure & de

Vénus, car leur cours est égal: de la Lune trente jours: car

celui-là est le mois parfaits, depuis son apparition jusques à sa

conjonction. Et quant au grand an, les uns le mettent à dixneuf

ans, les autres à seize, & les autres à cinquante neuf. Héraclite

le met à dixhuit mille ans solaires: Diogène, de trois cents

soixante & cinq ans, tels comme l'an d'Héraclite les autres de

sept mille sept cents soixante & sept ans.

 

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LIVRE TROISIEME