Ce traité est peu connu, c'est cependant une mine de renseignements sur les opinions des anciens, pratique : elle est classée par genre.
Bien entendu, elle est limitée par ce qu'en connaissait l'auteur, mais c'est un document important. Merci à Eric DUBREUCQ qui l'a mis à la disposition de tous. Son texte est ci-dessous en italique, le "Traité " est tel quel, y compris la présentation.
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La présente édition du traité _Des Opinions des philosophes_
appelle, en guise de Préface, un certain nombre de remarques, et
sur le fond, et sur la forme. Pourquoi se soucier, tout d'abord,
de publier ce texte, puisqu'il existe des traductions complètes
des ¦uvres de Plutarque en langue moderne? La L¦b Classical
Library, d'une part, donne une édition avec traduction anglaise
des _Moralia _ (en 17 volumes) et des _Parallel Lives _(en 11
volumes); aux éditions des Belles-Lettres, dans la collection des
Universités de France, d'autre part, sont publiées et traduites
les _Vies parallèles,_ et cours de publication les _æuvres
morales._ On peut encore ajouter qu'une traduction des _Vies
parallèles,_ celle de J. Amyot, est également publiée aux éditions
Gallimard, dans la collection de la Pléiade.
On chercherait cependant en vain le titre que nous présentons dans
tous ces volumes, et ceci pour la raison après tout défendable
qu'il s'agit d'un écrit apocryphe. Le véritable auteur des
Opinions des Philosophes n'est pas Plutarque de Chéronné - qu'il
convient de bien distinguer de Plutarque d'Athènes: ce dernier fut
l'un des scolarques de l'école néoplatonicienne d'Athènes, et l'un
des maîtres de Proclus. Plutarque de Chéronnée est un historien
et philosophe grec qui vécut à la fin du Ier siècle et au début du
IInd siècle après Jésus-Christ. Et, s'il est l'auteur des _Vies
parallèles_ et des _æuvres philosophiques et morales_, traduites
par J. Amyot au XVIème siècle, il n'est pas l'auteur de ce recueil
d'_Opinions_ (ou _placita_ en latin, ou ???? (stromates) en grec,
qui signifie bigarrure, chose composite - nous dirions: un
patch-work, ce qui rend assez bien l'impression que dégage cet
écrit). Du véritable auteur, nous ne savons rien, et devons nous
résigner à l'appeler le Pseudo-Plutarque (ou encore: [Plutarque],
en adoptent les conventions modernes). Tout ce que nous savons,
c'est que ces Stromates sont composée en suivant un modèle: celui
du doxographe, ou collecteur d'opinions des philosophes anciens,
Aétius. De cet auteur, à nouveau, on ne sait rien... Mais le
philologue allemand Diels a démontré, dans son ouvrage _Doxographi
Græci,_ Berlin, 1879, que les _Placita _d'Aétius étaient la plus
ancienne version de ce type de recueil, que l'on pourrait appeler
d'un titre générique: _Recueil d'opinions des philosophes._
Qu'on nous pardonne de nous attarder sur ces détails qu'aucuns
jugerons gratuitement érudits, mais la chose est indispensable si
l'on veut comprendre exactement de quoi il s'agit. Le
Pseudo-Plutarque recopie Aétius, lequel recopie un Recueil dont
l'archétype renvoie à la plus haute antiquité: la lecture du
traité que nous republions ici donne donc accès, de façon certes
indirectes, mais la seule encore possible, à certains systèmes de
pensées de la plus haute Antiquité. Aristote lui-même, au premier
livre de sa _Métaphysique, _ est l'auteur d'un semblable recueil,
lorsqu'il expose les opinions ou thèses des philosophes qui l'ont
précédés sur la question du nombre et de la nature des causes et
principes qui président à toutes réalités. Dans une question
difficile, Aristote conseille en effet de prendre soin, au
préalable, d'exposer la doctrine des penseurs qui en ont déjà
traité - présentation qu'il appelle dialectique -, avant que de la
critiquer, de sorte à approcher plus aisément de la vérité. Dans
cette perspective à la fois historique, critique et heuristique,
il devient essentiel de constituer semblables recueils à celui qui
nous occupe ici. Aristote fut le premier à ouvrir la voie à ce
style. Même s'il arrive à Platon (par exemple dans le _Sophiste)_
de donner un expression des philosophes qui l'on précédés, il
n'est en effet pas certain qu'il soit très fidèle à leurs écrits.
Lisons un peu ce qu'explique mon bon maître Jean-Paul Dumont,
traducteurs des _Présocratiques _dans la Pléiade:
" Théophraste, le successeur immédiat d'Aristote, dont il était
l'élève, à la tête du Lycée1, a mis systématiquement en pratique
l'impératif dialectique lié à la pédagogie de son maître, et fait
établir à cet usage des recueil ou collections d'opinions - plus
tard désignés du nom latin de Placita. La première édition en fut
très tôt perdue. Mais l'histoire de ses copies successives a
constitué le premier travail de Hermann Diels - le ressembleur des
textes présocratiques que nous lisons ici - aboutissant à son
édition grecque des _Doxographi græci,_ à Berlin, en 1879. Il y
établir que le plus ancien recueil théophrastien d'opinions - les
_Vetusta placita_ - a été recopié ou réédité par un certain
Aétius, savant de date inconnue et dont l'ouvrage est lui aussi
perdu, mais a par chance été recopié par deux auteurs dont l'un,
le pseudo-Plutarque, est inconnu, et l'autre est Jean Stobée, qui
a édité le _Choix _de textes au Ve siècle de notre ère. Diels en
offrait une édition synoptique sur deux colonnes. Ainsi est née,
avec Aétius, la doxographie scolaire: elle consiste en des
recueils de philosophie par les textes ou en ce que les éditeurs
d'Outre- Manche appellent des _Source books,_ destinés à alimenter
la réflexion des jeunes gens étudiant la philosophie2.
"
On voit par là que le texte du Pseudo-Plutarque, tel qu'il est
traduit dans la langue savoureuse du XVIe siècle par J. Amyot,
présente un quadruple intérêt (en attendant une traduction précise
des _Doxographi græci _ de Diels). Tout d'abord, parce que, de
Théophraste à Aétius, et d'Aétius à Stobée et au Pseudo-
Plutarque, il permet de remonter à une époque quasi- contemporaine
d'Aristote. Ensuite, parce que de cette époque et de celles qui
suivent, bien des ouvrages ont disparu: ainsi le Stoïcisme ancien,
puisque les ¦uvres de Zénon de Cittium, de Chrysippe et Cléante
sont entièrement, ou peu s'en faut, perdues, la doctrine
d'Epicure, dont trois lettres seulement nous ont été conservées
par Diogène Laërce, ou encore des Présocratiques dans toutes leur
diversité, et de bien d'autres, ne nous sont au fond accessibles
que par des témoignages, au rang desquels le traité _Des Opinions
des philosophes _ vient naturellement prendre une place
privilégiée. Pourquoi en donner la version de J. Amyot? Non pas
seulement pour le plaisir de la langue de ce siècle. Mais parce
qu'elle se situe à l'aurore d'une révolution qu'on a coutume de
nommer la copernicienne ou la galiléenne. Sans doute faudrait-il
se plonger profondément dans l'histoire de la Renaissance pour
prouver les affirmations suivantes, mais la place et le temps
manque malheureusement ici: les savants de la Renaissance furent
très tôt à la recherche de modèles scientifiques permettant
d'échapper à l'emprise de l'aristotélisme; or, de ce point de vue,
l'atomisme épicurien et le matérialisme stoïcien s'offraient à eux
naturellement. Et cela est une troisième raison de privilégier la
traduction de J. Amyot. Pour ne prendre qu'un exemple, on parle
souvent des éléments stoïciens à l'¦uvre dans les traités de
Descartes (par exemple dans les _Principes de la philosophie
naturelle,_ ou dans le _Traité des Passions de l'Ame)_, ou de
l'atomisme de Gassendi: une comparaison précise des thèses
exprimées par ces savants (ainsi, généralement, que par ceux des
XVIè, XVIIè et XVIIè siècle) pourrait peut-être permettre de mieux
mesurer leurs sources, leur degré d'originalité vis-à-vis de ces
sources et, par là, la ce qui relève chez eux de l'invention
conceptuelle à proprement parler.
Il reste un quatrième type de raisons à mettre en avant: et qui
est celui, purement et simplement, de ne pas laisser perdre les
textes, mais au contraire de les rendre accessibles directement à
l'honnête homme du XXè siècle, lequel, qui plus est, aux commandes
de son ordinateur, dispose désormais d'un outil d'exploitation
matériellement supérieur aux instruments de papier des érudits de
la Renaissance.
Le Traité des _Opinions des Philosophes_ est composé de cinq
livres. Il est visible, à la lecture des gloses que J. Amyot a
cru bon d'ajouter au texte, qu'il a certainement cru y lire
quelque chose qui ressemblait à une _somme._ Non pas seulement du
modèle de celle que saint Thomas d'Aquin nous a laissé sous le
titre de _Somme Théologique,_ mais encore de celle que Descartes
rêvait d'écrire, lorsqu'il parle, dans une lettre à Huygens du 29
Juillet 1641, de sa "Physique, ou plutôt le sommaire de toute la
Philosophie", et qu'il prubliera sous le titre des _Principes de
la philosophie._ Il ne faut jamais oublier, si l'on veut
comprendre à quoi l'on a affaire, que c'est de la notion de somme
ou de sommaire que l'arbre de toute la philosophie (cf.
Lettre-Préface, AT IX-2, 26, rééd. Vrin, p. 14, li.23 & sv.),
dont les racines sont la Métaphysique, le tronc la Philosophie
naturelle (= la Physique) et les trois branches, respectivement,
la Mécanique, la Médecine et la Morale, est une illustration de
cette notion de somme, laquelle est "un corps de Philosophie tout
entier" (idem, AT IX-2, 30 = Vrin 17,9), c'est-à-dire tout
simplement de l'ensemble des savoirs existants.
C'est à quelque chose de comparable, ou tout au moins de semblable
aux recueils de _Question naturelles,_ de Pline, de Sénèque, ou
d'autres, dans lesquels on puisait alors bien des doctrines
scientifiques, que J. Amyot a certainement cru avoir affaire.
L'objet général du traité du Pseudo-Plutarque, c'est la nature,
par opposition à la philosophie morale et à la philosophie verbale
(I, préf.): entendons par-là qu'il ne s'agit ni d'éthique, ni de
logique, mais de la science qui chercher les principes de tout ce
qui existe par nature (et non du fait de l'action, ou du
raisonnement humain). C'est en ce sens que cette collection
d'opinions traite d'abord des principes incorporels et éternels
(I) puis des principes célestes ou supra-lunaires, c'est-à-dire
corporels et éternels (II) avant de passer aux réalités
sublunaires (III à IV), elles-mêmes soigneusment classées: celles
qui sont au- dessus de la terre et au-dessous du ciel et de la
Lune, les Météores (III); celles qui sont terrestres et touchent à
l'âme (IV); et, enfin, celles qui sont terrestres et corporelles,
tuchant à la vie (V).
Le Premier Livre, en effet, pour objet les principes et les
réalités métaphysiques - ou plus exactement tout ce qui se range
des principes, éléments et causes (I, chap.II, jusqu'à la
nécessité, la destinée et la fortune (I, chap.XXIX). On passe
alors, avec le deuxième livre à l'examen des réalités corporelles:
du monde (II, chap.I) à la Lune et au calendrier (II, chap.XXXI &
XXXII). Sous la Lune, il faut alors ranger les réalités
sublunaires, qui sont corporelles (comme l'étaient les réalités
supralunaires: planètes, étoiles, etc.), mais aussi temporelles et
non éternelles: le Livre III du traité des _Opinions des
Philosophes _ ressemble ainsi à un un traité des _Météores._ Avec
le Livre IV, on passe à l'examen des réalités terrestres, en
commençant par les réalités psychiques, de l'Ame en général (IV,
chap. II) aux facultés de l'âme (jusqu'au chap. XXI), en passant
par les différentes formes d'âme, son immortalité, etc. Vers la
fin du quatrième Livre (chap. XXII & XIII), on trouve des
considérations sur les liens de l'âme et du corps; au début du
livre V, sur les images des la divination et des songes (Chap. I
& II). Le Livre V a pour objet les réalités terrestres
inférieures à l'âme: de la semence générative (V, chap. III), qui
en est issue, à la santé du corps (V, chap.XXX) en passant, par la
description des processus de génération, de développement de
l'embryon. Ce qui peut sembler à un lecteur non averti des XVIè
et XVIIè siècle un cours complet de philosophie naturelle, est en
réalité un catalogue d'opinions des auteurs anciens, portant sur
tous les sujets auxquels les philosophes de toutes les écoles
avaient coutume de s'intéresser.
Le présent travail de copie obéit aux principes suivants:
1° Le texte _Des Opinions des Philosophes,_ du Pseudo-Plutarque a
été copié dans l'édition des _æuvres Mêles _ de Plutarque,
traduites par Jacques Amyot à la Renaissance. Cf. Copie de la
page de garde du tome second en _incipit._
2° J'ai renoncé à suivre systématiquement l'orthographe et la
graphie de l'époque, que j'ai donc modernisée, partout où j'ai
estimé qu'elle faisait entrave à la lecture.
3° La pagination originale a été systématiquement conservée entre
crochets.
4° Les anotations et divisions ajoutées en marges par J. Amyot sont
également conservées. Les intertitres numérotés en chiffres
romains ajoutés en marge ont ainsi été replacés en tête des
paragraphes concernés (dans un caractère plus petit). Il convient
de leur porter attention, au moins en ce sens: si, dans leur
teneur générale, ces gloses ne sont que des extraits du texte du
Pseudo- Plutarque, elles comportent parfois des remarques
critiques ou réfutatives - en particulier pour ce qui regarde la
dimension de la religion et de la théologie - qui témoignage de
l'état d'esprit dans lequel on lisait pareil texte à
cette époque.
5° La ponctuation a été conservée telle
quelle.
6° Les mots d'ancien français dont l'usage s'est perdu depuis
l'époque de J. Amyot sont traduit en notes (ce sont les
définitions du _Dictionnaire de l'Académie Française, _ dans
l'édition de 1740, du _Dictionnaire d'Ancien Français _de
Gransaignes d'Hauterive, ou du _Dictionnaire de l'Ancien Français
jusqu'au milieu du XIVè siècle _de Greimas qui sont
fournies).
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