Celui qui, à un moment donné de sa vie, se sent du goût pour la recherche spirituelle aura besoin de se documenter sur les diverses voies possibles.
Si, par tradition familiale, il appartient à une religion donnée, sauf cas particulier, c'est dans cette voie qu'il doit chercher. Même si de nos jours les religions se sont passablement dégradées au point d'être devenues un sentimentalisme "cucu-concon" ou, au contraire un intégrisme obtus, il reste les textes.
Si, à mon avis il vaut mieux ne pas commencer par les grands textes sacrés, l'Ancien Testament, les Védas, ou le Coran, ce n'est pas que je les méprise mais tout au contraire, que je tes respecte trop pour proposer de les lire en premier à un débutant qui, n'étant pas encore en mesure de percevoir la vérité qui s'y cache sous une forme allégorique pourrait, à première vue, n'y trouver qu'un ramassis de fables pas même croyables par un enfant de dix ans, lorsque ce sont pas des récits absolument choquants comme par exemple l'histoire de Sodome et Gomorrhe .
Les textes plus récents comme le Nouveau Testament pour Christianisme ou les Upanisads pour l'Hindouisme, sont déjà plus abordables.
Reste le problème de la traduction. "Traduttore tradittore"
(Traducteur: traître) dit un proverbe italien. Traître,
le traducteur peut l'être en toute bonne foi parce que,
particulièrement dans le domaine de la spiritualité,
les langues occidentales modernes sont bien pauvres en comparaison
des langues orientales.
Parfois un même mot prend des sens différents en
fonction du contexte ou bien selon qu'il est employé dans tel
ou tel aspect de la Tradition. Par exemple, le mot
"dharma" peut avoir diverses
significations, lesquelles peuvent être différentes
selon qu'on a affaire à un texte hindouiste ou bouddhiste.
Au contraire il peut y avoir plusieurs mots qui désignent des nuances différentes d'une même idée, pour laquelle il n'y a dans nos langues occidentales qu'un seul vocable, c'est ainsi qu'en sanskrit et en pali il existe un assez grand nombre de mots que faute de mieux on est obligé de traduire par "sage".
Traître, il peut l'être également plus ou moins sciemment. C'est le cas d'un texte traduit par un traducteur d'une autre religion et qui, volontairement ou inconsciemment fera des comparaisons avec sa propre Tradition afin de la valoriser par rapport au texte traduit. Cela est fort apparent dans certains textes chinois, ( Tao Te King, Tchouang Tseu, Lie Tseu ) traduits par des Jésuites ou des missionnaires protestants et comparés avec des versions traduites par des orientaux.
Comme les commentateurs ne sont pas toujours très sérieux - rien n'est plus facile que de faire dire à un texte ce que l'on désire faire admettre - la perplexité reste grande.
Pour toutes ces raisons, il est souhaitable, lorsqu'on s'intéresse à un certain texte, de se référer, lorsque c'est possible, à différentes traductions et de les comparer. Le mieux est encore , lorsqu'elle existe, de choisir une version traduite par quelqu'un qui pratique la religion à laquelle appartient le texte dont il est question.
Les textes du bouddhisme tibétain par exemple furent transcrits du sanskrit en tibétain par des Maîtres qui avaient pratiqué pendant de nombreuses années avec des Maîtres indiens avant de se permettre d'écrire une version tibétaine. Comme il serait souhaitable qu'il en soit de même aujourd'hui!
Les rayons des librairies dites "Ésotériques" sont pleins de bouquins où l'on trouve du meilleur et du pire…surtout du pire, toujours mysticovasouillard, j'y reviens !
Les librairies (en principe) spécialisées dans les éditions religieuses ne valent pas toujours mieux. Une petite anecdote :
Je cherchais un jour des œuvres de Ruysbroek, un mystique flamand du XIVème siècle. Pensant que c'était le meilleur endroit pour les trouver je me rends dans une grande librairie (théoriquement) spécialisée dans les livres chrétiens du quartier Saint Sulpice (je ne cite personne, suivez mon regard). Combien grande n'est pas ma stupéfaction de voir dès l'entrée un vaste échantillonnage d'ouvrages dans toutes sortes de disciplines, y compris la sexologie
Après avoir fouillé dans les rayons, je m'adresse à une vendeuse et lui demande où je puis trouver des œuvres de Ruysbroek (en prononçant à la flamande "Reuilsbrouk ) elle ouvre de grands yeux étonnés et me répond qu'elle ne connaît pas.
Je demande alors à voir le Chef de Rayon à qui je pose la question. Même regard étonné, même réponse: "Connais pas". Je pense que c'est peut-être ma prononciation du nom de l'auteur qui est cause de l'incompréhension du Chef - tout le monde n'est pas forcé de connaître la prononciation du flamand - et je répète ma question en prononçant comme on le lit en français :"Ruïsbroèk". Même regard étonné.
Pas très aimable. je dis alors : "Je viens dans une librairie religieuse pour y trouver des œuvres d'un grand mystique chrétien et qu'est-ce que j'y trouve, des ouvrages de sexologie. Je n'ai rien contre la sexologie, mais si je désire me documenter sur la question, c'est dans une librairie médicale que je me rends, il y en a à deux pas Rue de l'École de Médecine! quant aux œuvres d'un important auteur chrétien, on les ignore!" Piqué au vif, le Chef de Rayon s'en va fouiller dans une quelconque réserve et, au bout de pas mal de temps, me rapporte un unique bouquin, tout poussiéreux, publié en 1947, en me disant que c'est le seul exemplaire qu'il possède des œuvres de Ruysbroek.
Un prix est écrit au crayon sur la page de garde: douze francs, c'est le prix que je paye en francs 1980.
No comment!
Quelque Voie que l'on choisisse, afin de ne pas risquer d'errer dans les sentiers bourbeux du "Mystico-vasouillardisme" ou de la vaine et dangereuse recherche des pouvoirs, il n'est pas inutile, il est même recommandé de se documenter afin de savoir démêler ce qui est authentiquement traditionnel de ce qui n'est que forgerie ou élucubrations de pseudo maîtres de la spiritualité de bazar.
A mon avis, le meilleur guide en la matière
est René
Guénon dont les œuvres devraient être lues et
étudiées en premier lieu avant de prendre quelque
décision que ce soit quant au choix d'une voie
spirituelle.
Voici quelques titres :
Pratiquement toute l'œuvre de Guénon vaut la peine (1) d'être lue mais les titres cités ci-dessus me semblent les plus importants.
Il est d'autres auteurs dont les œuvres sont importantes en ce qui
concerne les données traditionnelles et métaphysique
:
- Fritjof Schuon, Marco Pallis et
Julius Evola(2)
mais selon moi, Guénon reste le maître en la
matière.
Il est des Sociétés d'Édition
spécialisées dans le domaine de la spiritualité
auxquelles on peut généralement faire confiance parce
que leur comité de lecture est composé de gens
sérieux qui, en principe, évitent de laisser passer des
ouvrages suspects c'est le cas par exemple des Éditions du
Rocher ou de Dervy entre autres; chez Adrien Maisonneuve et chez
Maisonneuve et Larose on trouve e nombreuses traductions des textes
traditionnels orientaux
On peut aussi, en principe, faire confiance aux collections
spécialisées des grands éditeurs comme
par exemple :
Pour finir, voici quelques titres qui ont particulièrement
attiré mon attention et desquels j'ai pu tirer de
précieux enseignements.
Il va sans dire que cette liste est LOIN
D'ÊTRE EXHAUSTIVE. J'ai groupé les
ouvrages par religion ou forme traditionnelle.
- La Parole des Anciens "Points Sagesse"
On peut dire que cet ouvrage établit un "pont spirituel"
entre le Christianisme et les doctrines et enseignements de l'Inde
et de l'Extrême-Orient le cœur car l'Église d'Orient
a su conserver le cœur initiatique du Christianisme -
Je décernerai une mention particulière à
l'œuvre de Idries Shah
que j'ai beaucoup aimée à cause de son langage
agréable souvent humoristiques, et de l'usage qu'il fait
des "Histoires-Enseignement" empruntées aux Derviches des
siècles passés
Quiconque veut s'intéresser à l'Hindouisme se doit de lire au moins quelques unes des principales Upanishad dont on trouve plusieurs éditions. Les citer toutes serait long et fastidieux. Précisons simplement qu'on en trouve des traductions chez Adrien Maisonneuve, au Seuil ( Col. "Points Sagesse") chez Albin Michel (Col. Spiritualité Vivante) et sans doute dans d'autres éditions
Il est également indispensable de lire la Bhagavad Gîta dont on trouve aussi plusieurs traductions :
Il est également nécessaire de connaître quelques œuvres de Shankaracharya
Ramana Maharshi est un des rarissimes "Jivanmukta" (libéré vivant) de notre époque., I1 n'a que fort peu écrit mais son enseignement recueilli et publié par ses disciples est d'une grande importance, citons :
Il est également bon de connaître :
Du point de vue purement doctrinal, il est au moins deux ouvrages qu'il est important de connaître, ce sont:
I1 est tout à fait possible de commencer la pratique du Yoga seul en s'aidant de livres sérieux (il est même préférable de commencer seul avec un bon livre, qu'avec un mauvais professeur). Dans cet esprit, je trouve remarquables les livres de André Van Lysbeth (*), chaque exercice y est décrit en détail, très précisément, avec commentaires et photos: les noires: posture correcte, les rouges incorrecte, la légende attire l'attention sur les erreurs à éviter. Si l'on respecte scrupuleusement les indications du livres, on ne peut pas se tromper, voici les titres, dans l'ordre :
(*)Je le connais bien, il a été mon Maître !
Il va sans dire qu'un jour ou l'autre, lorsqu'il faudra attaquer des exercices plus avancés, Pranayama ou yoga mental il deviendra indispensable de prendre les leçons d'un Maître compétent. Mais on aura déjà pris de bonnes habitudes et si, par ailleurs, on a étudié les ouvrages fondamentaux de base comme le Hatha Yoga Pradipika, on sera en mesure d'évaluer si le professeur est un Maître compétent ou un fumiste.
Avant de conclure ce paragraphe, je crois nécessaire d'attirer l'attention du lecteur sur les dangers qu'il peut y avoir à commencer l'étude du yoga en se référant à certains ouvrages de vulgarisation à bon marché : j'ai eu en main un petit volume d'une collection de vulgarisation qui, au chapitre "Pranayama", conseillait au lecteur des durées de rétention du souffle nettement prohibitives pour des débutants : de quoi "se déglinguer à coup sûr le palpitant"!
A la base de la Tradition chinoise on trouve le Yi King ( Livre Canonique des Mutations ) qui serait, selon certains auteurs, le plus vieux livre de l'humanité.
Ce n'était, à l'origine qu' une collection de soixante quatre hexagrammes composés, chacun, de traits entiers symbolisant le fort, le dur, le yang ou interrompus pour représenter le yin souple, malléable, faible . Le tout constitue une expression symbolique de l'Univers.
Plus tard l'ensemble s'est enrichi commentaires: en particulier ceux de l'empereur Wen Wang et ceux de Confucius. Par la suite le livre qui était, au départ, un livre de sagesse s'est trouvé utilisé à des fins divinatoires.
A mon avis deux traductions sont intéressantes à connaître :
Personnellement ce qui m'attire dans la tradition chinoise est le Taoïsme, dont les œuvres des trois principaux philosophes, Lao Tseu, Tchouang Tseu et Lie Tseu ont été traduites par le Père Wieger S.J et réunie en un volume unique intitulé "Les Pères du Système Taoïste" qui malheureusement, ne peut être trouvé que dans les libraires d'occasion (et vraisemblablement à des prix qui ne sont pas à la portée de toutes les bourses). J'ai trouvé l'exemplaire que je possède dans une bibliothèque municipale et j'en ai photocopié les quelque 600 Pages !
Toutefois on peut trouver des éditions séparées du Tao Te King de Lao Tseu
Plus que Lao Tseu, dont le Tao Te Kinq est d'un accès assez difficile, j'aime Tchouang Tseu et Lie Tseu qui ne s'encombrent pas de longues dissertations philosophiques mais, ainsi que l'ont fait plus tard, en Islam, les Maîtres Soufi, ils racontent de petites anecdotes dont le lecteur tirera de lui même l'enseignement que son degré d'avancement spirituel lui permettra de comprendre. On trouve aisément :
De Confucius, je ne connais personnellement que la traduction des Quatre Livres par le Père S. Couvreur S.J. rééditée par Kouangchi Press de Tai Wan. Lorsque je l'ai acquise elle était diffusée par Maisonneuve et Larose.
Dans la Tradition chinoise on peut encore citer :
Il est dit que "le Bouddha a donné quatre - vingt quatre mille enseignements différents". C'est une manière de dire que , comme tous les grands Maîtres, il a adapté son enseignement au degré de compréhension de ses auditeurs afin que chacun puisse recevoir ce qu'il était en mesure de "digérer".
Ces divers niveaux d'enseignement ont donné naissance à trois "écoles":
L'Anagarika Prajñananda, quant à lui, considère que ces différentes écoles ne sont que des aspects différents d'une école unique Ekayana. Il serait bon d'étudier son ouvrage "Bouddhisme gnostique" diffusé par le Centre d'Études Bouddhiques de Gretz ( 2 Avenue des Bouleaux - Gretz - 77220 Tournant)
Quiconque s'intéresse au Bouddhisme devra le
considérer comme un édifice complet dont le Théravada constitue les
fondations, le Mahayana
les murs et le Vajrayana
le toit. C'est pourquoi, bien que la Forme Tibétaine
(Vajrayana) semble actuellement se développer plus que
les autres en Occident, il importe, selon mon avis de ne pas
commencer par le toit mais par les fondations : étudier en
premier lieu le Théravada et ensuite progresser, selon
ses propres aptitudes, et si l'on en sent le besoin, vers le
Vajrayana après avoir bien assimilé les notions propres
au Mahayana. C'est donc dans cet ordre, qu'à mon avis,
il faut lire les ouvrages consacrés au Bouddha Dharma :
Pour commencer et faire connaissance je conseillerai de lire
Pourront venir ensuite:
TEXTES SUR LE ZEN:
C'est le Bouddhisme tibétain qui est le mieux représenté dans les librairies car les différentes lignées de cette école sont abondamment représentées en France où se sont installés de nombreux Centres d'Étude.
Un nombre relativement important de jeunes Français sont allés dans les monastères de l'Inde ou du Ladhak pour achever leur formation et sont devenus Lamas, ils y ont appris le tibétain et sont maintenant capables de traduire, sous le contrôle des Lamas tibétains, les textes traditionnels du Pays des Neiges. Voici quelques titres :
J'ai le privilège d'en posséder un exemplaire dont
le Volume I est dédicacé par Khenpo Yeshe Tcheudar
Rinpoché et le Volume II par Sa Sainteté le
XIIème Drukchen, descendant spirituel en
ligne directe de Milarépa.
Y'a pas d'quoi s'vanter! Même si on ne se prend pas trop au
sérieux, ça fait quand même quelque chose!
On pourrait encore citer de nombreux titres mais ce bouquin se
transformerait en catalogue de librairie.
Alors bonne lecture!
NOTES
(1) Quand je dis "la peine" ce n'est pas une figure
de style! RETOUR
(2) Il n'y a rien a reprocher à Julius Evola
du point de vue purement doctrinal. Mais son ancienne appartenance au
"Parti Fasciste" italien pointe par fois le bout de l'oreille sous la
forme de racisme: Selon lui seules les traditions Aryennes"
méritent d'être étudiées. I1 fait
toutefois une exception pour le Zen ("axe" Rome - Berlin - Tokyo de
sinistre mémoire oblige) donc à lire avec
discernement. RETOUR
(3) Ça me fait toujours râler
d'entendre prononcer "NIL" Alexandra David Nécl est
française et il n'y a aucune raison pour prononcer son nom
à l'anglaise. Nous avons en elle une Bonne Femme
sensationnelle, alors gardons la, ne la refilons pas aux anglo-saxons
qui ont déjà trop tendance à envahir notre
langage! Bis repetitum... RETOUR
(4) I1 faut reconnaître que dans les
éditions suivantes René Guénon a
"rectifié le tir"; ça existe l'honnêteté
intellectuelle, non!